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Vers de jeunesse






À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse dé jà entrevoir, chez le jeune é crivain, les thè mes hugoliens ré currents: le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rô le du poè te, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plus romantique, et Hugo sé duit le jeune lecteur de son temps au fil des é ditions successives des Odes (quatre é ditions entre 1822 et 1828).

En 1828, Hugo ré unit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poé tique anté rieure. Fresques historiques, é vocation de l'enfance; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend dé jà des liberté s avec le mè tre et la tradition poé tique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les pré mices d'une é volution qui durera toute sa vie: le chré tien convaincu s'y montre peu à peu plus tolé rant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute ré cente é popé e napolé onienne; de plus, loin d'esquiver son double hé ritage paternel (napolé onien) et maternel (royaliste), le poè te s'y confronte, et s'applique à mettre en scè ne les contraires (ce que l'on appelle l'antithè se hugolienne) pour mieux les dé passer:

«Les siè cles, tour à tour, ces gigantesques frè res,

Diffé rents par leur sort, semblables en leurs vœ ux,

Trouvent un but pareil par des routes contraires101.»

Puis Hugo s'é loigne dans son œ uvre des pré occupations politiques immé diates auxquelles il pré fè re – un temps – l'art pour l'art. Il se lance dans Les Orientales (l'Orient est un thè me en vogue) en 1829, (l'anné e du Dernier jour d'un condamné).

Le succè s est important, sa renommé e de poè te romantique assuré e et surtout, son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scè ne la guerre d'indé pendance de la Grè ce (le choix de pré senter l'exemple de ces peuples qui se dé barrassent de leurs rois n'est pas innocent dans le contexte politique franç ais) qui inspira é galement Lord Byron ou Delacroix.

Premiè re maturité

Dè s les Feuilles d'automne (1832), les Chants du cré puscule (1835) Les Voix inté rieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les Ombres (1840), se dessinent les thè mes majeurs d'une poé sie encore lyrique – le poè te est une «â me aux mille voix» qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du cré puscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.

Ces poé sies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente simplicité des thè mes familiers; pourtant, Hugo ne peut ré sister à son goû t pour l'é pique et le grand. Ainsi, on peut lire, dè s le dé but des Feuilles d'automne, les vers:

«Ce siè cle avait deux ans! Rome remplaç ait Sparte

Dé jà Napolé on perç ait sous Bonaparte»

Cré ativité et puissance litté raire

À partir de l'exil commence une pé riode de cré ation litté raire qui est considé ré e comme la plus riche, la plus originale et la plus puissante de l'œ uvre de Victor Hugo. C'est alors que naî tront certains de ses plus grands poè mesnote 18.

Les Châ timents sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le «crime» du «misé rable» Napolé on III: le coup d'É tat du 2 dé cembre. Prophè te des malheurs qui attendent Napolé on III, exé cuteur du neveu honni, Hugo s'y fait cruel, satirique, voire grossier («pourceau dans le cloaque102») pour châ tier «le criminel103». Mais Hugo se fait aussi poè te de temps meilleurs comme dans Stella; le poè te prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme des Châ timents, elle est d'une extrê me richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'é popé e, à la chanson ou à l'é lé gie, etc.

Quelques anné es plus tard, Hugo dé clare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856: «Qu'est-ce que les Contemplations? – Les mé moires d'une â me104». Apothé ose lyrique, marqué e par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adoré e: exil affectif, exil politique: Hugo part à la dé couverte solitaire du moi et de l'univers. Le poè te, tout comme dans les Châ timents, se fait mê me prophè te, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie aprè s la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le mê me temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus cé lè bres poè mes inspiré s par Juliette Drouet. Les Contemplations: œ uvre multiforme donc comme il convient aux «mé moires d'une â menote 19».

Enfin, la Lé gende des siè cles, son chef-d'œ uvre, synthé tise l'histoire du monde en une grande é popé e parue en 1859; «L'homme montant des té nè bres à l'Idé al105, 106», c'est-à -dire la lente et douloureuse ascension de l'humanité vers le Progrè s et la Lumiè re107.

Place à part dans son siè cle

Tantô t lyrique, tantô t é pique, Hugo est pré sent sur tous les fronts et dans tous les genres: il a profondé ment é mu ses contemporains, exaspé ré les puissants et inspiré les plus grands poè tes.

Ainsi que le rappelle Simone de Beauvoir: Son 79e anniversaire fut cé lé bré comme une fê te nationale: 600 000 personnes dé filè rent sous ses fenê tres, on lui avait dressé un arc de triomphe. L'avenue d'Eylau fut peu aprè s baptisé e avenue Victor-Hugo et il y eut un nouveau dé filé en son honneur le 14 juillet. Mê me la bourgeoisie s'é tait rallié e, […]108.

Le té moin voyageur

Article dé taillé: Victor Hugo en voyage.

Portrait sur la Colonne Victor Hugo109 à Waterloo, (Belgique).

Victor Hugo a beaucoup voyagé jusqu'en 1871. De ses voyages, il rapporte des carnets de dessins et des notes110, 111. On peut ainsi citer le ré cit d'un voyage fait à Genè ve et dans les Alpes avec Charles Nodier112. Il part aussi chaque anné e pour un voyage d'un mois avec Juliette Drouet dé couvrir une ré gion de France ou d'Europe et en revient avec notes et dessins50. De trois voyages sur le Rhin (1838, 1839, 1840), il rapporte un recueil de lettres, notes et dessins publié en 1842 et complé té en 1845113. Pendant les anné es 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). De retour à Paris en 1871, il cesse de voyager110.


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