Главная страница
Случайная страница
КАТЕГОРИИ:
АвтомобилиАстрономияБиологияГеографияДом и садДругие языкиДругоеИнформатикаИсторияКультураЛитератураЛогикаМатематикаМедицинаМеталлургияМеханикаОбразованиеОхрана трудаПедагогикаПолитикаПравоПсихологияРелигияРиторикаСоциологияСпортСтроительствоТехнологияТуризмФизикаФилософияФинансыХимияЧерчениеЭкологияЭкономикаЭлектроника
|
Fonds celtique et fonds latin
Les Franç ais ne sont pas, comme ils l'affirment parfais inconsidé ré ment, une race Satine, mais une civilisation, où le fonds latin tient une place essentielle. ANDRÉ SIEGFRIED a marqué le double apport des Celtes et des Latins dans la formation du gé nie franç ais.
L'esprit franç ais ré vè le immé diatement, quand on le considè re, deux tendances contradictoires, l'une rejoignant Sancho1 et l'autre Don Quichotte.
Il y a d'abord une tendance pratique et mê me terre à terre, qui s'exprime surtout dans le tempé rament et le comportement traditionnel du paysan. L'origine en est, je crois, principalement celtique, car le Celte, mê me erratique2, poè te ou fantaisiste, est attaché à lafamille, au sol, à tout ce qui l'enracine dans son milieu. C'est par là que nous nous distinguons essentiellement des Anglo-Saxons et des Nordiques et c'est dans la vie privé e que ces traits se dé veloppent avec le plus de force, car dans la vie publique il semble qu'il s'agisse d'un autre homme. De ce point de vue, comme chef de famille, comme membre de cette famille ou comme individu, le Franç ais té moigne d'un sens é troit de l'inté rê t maté riel, d'un goû t presque passionné pour la proprié té individuelle, au sens romain du terme (uti et abuli2, oui c'est bien ainsi qu'il l'entend). Dans les affaires privé es, c'est un ê tre de bon sens, possé dant à un remarquable degré l'esprit de mesure: on lui reprocherait presque de ne pas viser assez haut, de se
contenter de trop peu, car «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, lui dit le proverbe, et il le pense. Bref, dans l'existence de chaque jour, c'est un ré aliste, qui a le pied sur la terre et qui ne se paie pas de mots. Les affaires des Franç ais sont en gé né ral bien gé ré es, du moins quand guerres et catastrophes ne fondent pas sur eux: leur mobilier est alors bien entretenu, leur linge en bon é tat, ce n'est pas chez eux qu'on le raccommode avec des é pingles doubles! Ils n'aiment pas devoir de l'argent, leur budget est en é quilibre, et si les dé pré ciations moné taires rendent cette saine gestion impossible, c'est avec une sincè re nostalgie3 qu'ils regrettent le temps où l'on pouvait, mê me au prix d'un sacrifice, joindre les deux bouts4, conformé ment aux rè gles de sagesse financiè re qu'ils ont hé rité es de leurs pè res. Cette sagesse, cet esprit d'é pargne, qui frappent l'é tranger, sont susceptibles du reste de devenir é troitesse, provincialisme et mê me, à un certain degré, maté rialisme. Dans un vieux pays comme le nô tre, où l'argent est difficile à gagner, n'est-il pas naturel qu'on le dé fende avec plus d'â preté? L'Amé ricain est plus gé né reux, mais, s'il perd sa fortune, il croit du moins qu'il pourra, dans l'espace d'une mê me vie, la regagner. Nous n'avons pas cette illusion.
Ce n'est là toutefois qu'un aspect de notre caractè re, que contredit une tendance, non moins é vidente, vers l'universalisme, l'idé alisme et le dé sinté ressement.' Rassuré sur ses inté rê ts et limitant assez vite ses ambitions à cet é gard, le Franç ais libè re son esprit par une sorte de dé brayage6 entre l'action et la pensé e. Il s'é lè ve alors jusqu'au dé sinté res- sement intellectuel, par un processus de dissociation dont seul, je crois, le Chinois nous fournit dans le monde un autre exemple. Nous dé passons l'é troitesse nationaliste ou ethnique, pour nous é lever à une notion, proprement humaniste, de l'homme, et c'est par là que notre capacité de rayonnement, notre faculté de libé rer les esprits, d'ouvrir les fenê tres apparaissent vraiment incomparables. Ce trait, nous l'avons vu, est latin, et nous le tenons sans doute de la latinité par le classicisme, qui est à la base de toute notre é ducation et vers lequel nous ramè ne toujours notre instinct national le plus profond*.
ANDRÉ SIEGFRIED. L'Ame des Peuples (1950). Примечания:
1. Слуга Дон Кихота Санчо Панса является воплощением трусоватого здравого смысла, в то время как Дон Кихот символизирует романтический, безрассудный геро- изм. 2. Непостоянный, склонный к скитаниям. В настоящее время это старинное слово
слово используется только как геологический термин. 3. Пользоваться и использовать (лат.).Формулировка прав владельца в римском праве. 4. Ностальгия, тоска по родине или по прошлому. 5. Сводить концы с концами. 6. Термин автомобилистов: выключе- ние сцепления. Означает также кратковременную забастовку.
Вопросы:
*Cette double origine du caractè re franç ais ne pourrait-ellepas expliquer quelques-unes des contradictions mises en lumiè re dans le texte pré cé dent?
|