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ActeII, se. V. 4 страница
UN SCEPTIQUE
...A peine oserai-je dire la vanité et la faiblesse que je trouve chez moi. J'ai le pied si instable et si mal assis' je le trouve si aisé à crouler2 et si prê t au branle3 et ma vue si dé ré glé e, que à jeun je me sens autre qu'aprè s le repas; si ma santé me rit, et la clarté d'un beau jour, me voilà honnê te homme5; si j " ai un cor qui me presse l'orteil, me voilà renfrogné, mal plaisant, inaccessible. Un mê me pas de cheval me semble tantô t rude, tantô t aisé, et mê me chemin à cette heure plus court, une autre fois plus long, et une mê me forme ores6 plus, ores moins agré able. Maintenant je suis à tout faire, maintenant à rien faire; ce qui m'est plaisir à cette heure, me sera quelquefois peine. Il se fait mille agitations indiscrè tes et casuel les7 chez moi. Ou l'humeur mé lancolique me tient, ou la colé rique; et, de son autorité privé e8 à cette heure le chagrin pré domine en moi, à cette heure l'allé gresse. Quand je prends des livres, j'aurai aperç u en tel passage des grâ ces excellentes et qui auront fé ru9 mon â me; qu'une autre fois j'y retombe, j'ai beau le tourner et virer, j'ai beau le plier et le manier, c'est une masse inconnue et informe pour moi.
En mes é crits mê me je ne retrouve pas toujours l'air de ma premiè re imagination: je ne sais ce que j'ai voulu dire, et m'é chaude10 souvent à corriger et y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu" le premier, qui valait mieux. Je ne fais qu'aller et venir; mon jugement ne tire pas toujours en avant; il flotte, il vague,
Velut minuta magno
Deprensa navis in mari vesaniente vento12.
Maintes fois (comme il m'advient de faire volontiers) ayant pris pour exercice et pour é bat à maintenir une contraire opinion à la mienne, mon esprit, s'appliquant et tournant de ce cô té -là, m'y attache si bien que je ne trouve plus la raison de mon premier avis, et m'en dé pars11. Je m'entraî ne
quasi14 où je penche, comment que ce soit15, et m'emporte de16 mon poids. Chacun à peu prè s en dirait autant de soi, s'il se regardait comme moi*.
Essais, II, XII (1580-1588).
Примечания:
1. Так непрочно опирающаяся на землю. 2. Дрогнуть. 3. Настолько готова пошат- нуться. 4 Ainsi que. 5. Благовоспитанный, учтивый человек. 6. То.. то... 7 Случай- ные. 8. Самопроизвольно, стихийно. 9. Потрясут. 10. Je me donne chaud à... — я муча- юсь, je me tourmente à... 11. Parce que j'ai perdu 12. Как маленький корабль, застигну- тый в открытом море свирепым ветром. — Катулл (лат). 13. И от него отхожу, отка- зываюсь. 14. В каком-то смысле. 15. Тем или иным образом. 16. Под воздействием.
Вопросы:
* Attachez-vous à souligner ici la souplesse de la pensé e et de son expression. Montrez que le scepticisme de l'auteur repose sur une observation personnelle et concrè te. — Faites vous-mê me, à la maniè re de Montaigne, un essai de vos dispositions intellectuelles ou morales.
DESCARTES (1596-1650)
Le trait de gé nie initial de DESCARTES fut de partir à peu prè s du 'point où avait abouti Montaigne et d'instituer, au lieu d'une simple sagesse individuelle fondé e sur des vues approximatives, une «mé thode» infaillible 'pour «bien conduire sa raison et chercher la vé rité dans les sciences». Pour ce faire, il s'enferma dans «son poê le» et y é labora les quatre rè gles qui constituent la
base du carté sianisme.
Mais cet effort constructif avait é té lui-mê me pré cé dé d'une pé riode moins spé culative: celle où le philosophe, dé blayant sa jeune cervelle de tout le fatras dont on l'avait encombré e, s'en fut hardiment qué rir la vé rité dans «le grand livre du monde»...
EN LISANT DANS LE GRAND LIVRE DU MONDE Sitô t que l'â ge me permit de sortir de la sujé tion de mes pré cepteurs, je quittai entiè rement l'é tude des lettres2. Et me ré solvant de ne chercher plus d'autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-mê me, ou bien dans le grand livre du monde, j'employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours3 et des armé es, à fré quenter des gens de diverses humeurs et
conditions, à recueillir diverses expé riences, à m'é prouver moi-mê me dans les rencontres que la fortune4 me proposait, et partout à faire telle ré flexion sur les choses qui se pré sentaient ques j'en pusse tirer quelque profit. Car il me semblait que je pourrais rencontrer plus de vé rité dans les rai- sonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent, et dont l'é vé nement le doit punir bientô t aprè s s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spé culations qui ne produisent aucun effet, et qui ne lui sont d'autre consé quence6 sinon que peut-ê tre il en tirera d'autant plus de vanité qu'elles seront plus é loigné es du sens commun, à cause qu'il aura dû employer d'autant plus d'esprit et d'artifice à tâ cher de les rendre vraisemblables. Et j'avais toujours un extrê me dé sir d'apprendre à distinguer le vrai d'avec le faux, pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie.
Il est vrai que pendant que je ne faisais que considé rer les mœ urs des autres hommes, je n'y trouvais guè re de quoi m'assurer, et que j'y remarquais quasi7 autant de diversité que j'avais fait auparavant entre les opinions des philosophes. En sorte que le plus grand profit que j'en retirais é tait que, voyant plusieurs choses, qui, bien qu'elles nous semblent fort extravagantes et ridicules, ne laissent pas d'ê tre8 communé ment reç ues et approuvé es par d'autres grands peuples, j'apprenais à ne rien croire trop fermement de ce qui ne m'avait é té persuadé que par l'exemple et par la coutume; et ainsi je me dé livrais peu à peu de beaucoup d'erreurs qui peuvent offusquer notre lumiè re naturelle et nous rendre moins capables d'entendre raison. Mais, aprè s que j'eus employé quelques anné es à é tudier ainsi dans le livre du monde et à tâ cher d'acqué rir quelque expé rience, je pris un jour la ré solution d'é tudier aussi en moi-mê me, et d'employer toutes les forces de mon esprit à choisir les chemins que je devrais suivre. Ce qui me ré ussit beaucoup mieux, ce me semble, que si je ne me fusse jamais é loigné ni de mon pays ni de mes livres*.
Discours de la Mé thode (1637), lre partie. Примечания:
I. В северных странах — комната с большой изразцовой печью. 2. Имеются в виду книги вообще — и изящная словесность, и ученые трактаты. 3. Королевские дворы, придворные. 4. Случай. 5. Telle ré flexion... que (consé quence). 6. Qui n'ont pour lui d'autre consé quence que de lui en faire tirer d'autant plus... 7. Почти. 8. Ne manquent pas d'ê tre...sont pourtant...
Вопросы:
* Qu'est-ce qu'un homme d'aujourd'hui aimera dans cette n expé rience», renouvelé e de Montaigne? — Montrez que la phrase de Descartes est einore tout alourdie par l'influence du latin, et, à cet é gard, en recul par rapport au franç ais du Moyen Age.
BLAISE PASCAL (1623-1662)
*
DESCARTES é tait un rationaliste aux yeux de qui les mathé matiques constituaient la plus haute activité de l'esprit. Pour PASCAL, au contraire, il existe, au-dessus de l'intelligible pur, un monde surnaturel qui nous dé passe, mais dont il sent et voudrait impatiemment nous faire partager la pré sence. D'où ce cri, par quoi s'ouvre le Mé morial de Jé sus: «Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, non celui des savants et des philosophes...» Par là, l'auteur des Pensé es s'insè re directement dans le courant antiintellectu- aliste qu'avait inauguré Montaigne: mais il dé passe le scepticisme un peu terre à terre de son pré dé cesseur pour atteindre une certitude plus haute, celle qui part du «cœ ur» et aboutit à Dieu. Pensé e mystique, si l'on veut: mais il y a un mysticisme franç ais, comme il y a une libre pensé e franç aise.
DIEU SENSIBLE AU CŒ UR
C'est le cœ ur qui sent Dieu, et non la raison; voilà ce que c'est que la foi: Dieu sensible au cœ ur, non à la raison.
Le cœ ur a ses raisons, que la raison ne connaî t point; on le sait en mille choses. Je dis que le cœ ur aime l'Ê tre universel naturellement, et soi-mê me naturellement, selon qu'il s'y adonne1 et il se durcit contre l'un ou l'autre, à son choix. Vous avez rejeté l'un et conservé l'autre: est-ce par raison que
vous vous aimez?
Nous connaissons la vé rité, non seulement par la raison, mais encore par le cœ ur; c'est de cette derniè re sorte que nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaie de les combattre. Les pyrrhoniens2 qui n'ont que cela3 pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rê vons point; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le pré tendent. Car la connaissance des premiers principes, comme4 qu'il y a espace, temps, mouvement, nombres, est aussi ferme qu'aucune de celles que nos
raisonnements nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du. cœ ur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie, et qu'elle y fonde tout son discours. Le cœ ur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace, et que les nombres sont infinis; et la raison dé montre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carré s dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent; et le tout avec certitude, quoique par diffé rentes voies. Et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au cœ ur des preuves de ces premiers principes, pour vouloir y consentir, qu'il serait ridicule que le cœ ur demandâ t à la raison un sentiment5 de toutes les propositions qu'elle dé montre, pour vouloir les recevoir.
Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire. Plû t à Dieu que nous n'en eussions au contraire jamais besoin et que nous connussions toutes choses par instinct et par sentiment! Mais la nature nous a refusé ce bien; elle ne nous a au contraire donné que trè s peu de connaissances de cette sorte; toutes les autres ne peuvent ê tre acquises que par raisonnement.
Et c'est pourquoi ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœ ur sont bien heureux et bien lé gitimement persuadé s. Mais à ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœ ur, sans quoi la foi n'est qu'humaine, et inutile pour le salut*.
Pensé es (publié es en 1670). Примечания:
1. В той мере, в какой оно предано любви. 2. Скептики. 3. У которых одна цель — борьба против главных принципов, диктуемых человеку сердцем 4. Comme = par exemple. 5. Чувство противопоставляется доказательствам.
Вопросы:
* Quel nom donnerait-on aujourd'hui à ce que Pascal appelle le cœ ur? — On comparera le ion de ce passage à celui de l'extrait pré cé dent. — Aprè s ié closion du romantisme franfais, la pensé e religieuse trouvera un aliment chez Pascal: pourquoi?
MONTESQUIEU (1689-1755)
les «philosophes» du XVIIIe siè cle, MONTESQUIEU osa, le premier, s'attaquer à des sujets é pargné s jusqu'alors: le christianisme et la royauté. Et cette
offensive, commencé e sur le ton du persiflage dans les Lettres persanes, se poursuivit avec acharnement dans l'Esprit des Lois, monument é levé et consacré à la dé fense de l'Homme...
DE L'ESCLAVAGE DES NÈ GRES
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les Nè gres esclaves, voici ce que je dirais:
Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amé rique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à dé fricher tant de
terres.
Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le
produit par des esclaves.
Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tê te; et ils ont le nez si é crasé, qu'il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut pas se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un ê tre trè s sage, ait mis une â me, surtout une â me bonne, dans un corps tout noir.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les É gyptiens, les meilleurs philosophes du monde, é tait d'une si grande consé quence1, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les Nè gres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez des nations policé es, est d'une si grande consé quence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mê mes chré tiens.
De petits esprits exagè rent trop l'injustice que l'on fait aux Africains; car, si elle é tait telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tê te des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une gé né rale en faveur de la misé ricorde et de la pitié *?
Esprit des Lois, XV, v (1748). Примечания:
] Значение.
Вопросы:
* L'indignation est sensible sous le manteau de l'ironie. Quels passages vous paraissent, à cet é gard, les plus vigoureux? — Quelle est la nouveauté de cette page, de quel courage té moigne-t-elle, en 1748?
DIDEROT (1713-1784) ET «L'ENCYCLOPÉ DIE» (1751 1772)
En DIDEROT on admirela -profondeur de vues, la puissance parfois, prophé tique d'un esprit qui n'a pas fini d'exercer son action sur la pensé e d'aujourd'hui. Ce fut un prodigieux remueur d'idé es. Spirituel comme Voltaire, à l'occasion, sensible, pathé tique parfois comme Rousseau, il joint à ces dons une intelligence d'une rare souplesse et propre aux synthè ses les plus hardies. On trouvera ici un article é crit pour cette Encyclopé die, qui ne fut pas seulement la grande affaire de la vie de Diderot, mais aussi une sorte de machine de guerre idé ologique monté e pour dé molir l'Ancien Ré gime.
AUTORITÉ POLITIQUE
Aucun homme n'a reç u de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un pré sent du Ciel, et chaque individu de la mê me espè ce a le droit d'en jouir aussitô t qu'il jouit de la raison. Si la nature a é tabli quelque autorité, c'est la puissance paternelle: mais la puissance paternelle a ses borné s; et dans l'é tat de nature elle finirait aussitô t que les enfants seraient en é tat de se conduire. Toute autre autorité vient d'une autre origine que la nature. Qu'on examine bien et on la fera toujours remonter à l'une de ces deux sources: ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé; ou le consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont dé fé ré l'autorité.
La puissance qui s'acquiert par la violence n'est qu'une usurpation et ne dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de ceux qui obé issent; en sorte que si ces derniers deviennent à leur tour les plus forts, et qu'ils secouent le joug1, ils le font avec autant de droit et de justice que l'autre qui le leur avait imposé. La mê me loi qui a fait l 'autorité la dé fait alors: c'est la loi du plus fort.
Quelquefois l'autorité qui s'é tablit par la violence change de nature; c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement exprè s2 de ceux qu'on a soumis: mais elle rentre par là dans la seconde espè ce dont je vais parler; et celui qui se l'é tait arrogé e devenant alors prince cesse d'ê tre tyran3.
La puissance qui vient du consentement des peuples suppose né cessairement des conditions qui en rendent l'usage lé gitime utile à la socié té, avantageux à la ré publique4, et qui la fixent et la restreignent entre
des limites; car l'homme ne peut ni ne doit se donner entiè rement et sans ré serve à un autre homme, parce qu'il a un maî tre supé rieur au-dessus de tout, à qui seul il appartient en entier. C'est Dieu dont le pouvoir est toujours immé diat sur la cré ature, maî tre aussi jaloux qu'absolu, qui ne perd jamais de ses droits et ne les communique point. Il permet pour le bien commun et le maintien de la socié té que les hommes é tablissent entre eux un ordre de subordination, qu'ils obé issent à l'un d'eux; mais il veut que ce soit par raison et avec mesure, et non pas aveuglé ment et sans ré serve, afin que la cré ature ne s'arroge pas les droits du cré ateur. Toute autre soumission est le vé ritable crime d'idolâ trie5. Flé chir le genou devant un homme ou devant une image n'est qu'une cé ré monie exté rieure, dont le vrai Dieu, qui demande le cœ ur et l'esprit, ne se soucie guè re, et qu'il abandonne à l'institution des hommes pour en faire, comme il leur conviendra, des marques d'un culte civil et politique, ou d'un culte de religion. Ainsi ce ne sont pas ces cé ré monies en elles-iAê mes, mais l'esprit de leur é tablissement qui en rend la pratique innocente ou criminelle. Un Anglais n'a point de scrupule à servir le roi le genou en terre; le cé ré monial6 ne signifie que ce qu'on a voulu qu'il signifiâ t, mais livrer son cœ ur, son esprit et sa conduite sans aucune ré serve à la volonté et au caprice d'une pure cré ature, en faire l'unique et dernier motif de ses actions, c'est assuré ment un crime de lè se-majesté divine7 au premier chef8*.,
Encyclopé die. Примечания:
1. Сбрасывают иго. 2. Ясным, недвусмысленным. 3. Слово использовано в этимо- логическом смысле — узурпатор. 4. Государство (лат.). 5. Поклонение идолам, а не истинному Богу. 6. Церемониал. Здесь: правила поведения при дворе. 7. Оскорбление величества. Здесь', преступление против Божественного величия. 8. В наивысшей сте- пени
Вопросы:
* En quoi consiste la hardiesse de cet article? Quelles critiques contient-il contre l'Ancien Ré gime? 405
CHATEAUBRIAND (1768 1848)
autant le XVIIf siè cle avait eu foi en l'homme, autant le' romantiques se complurent dans le doute et mê me le dé sespoir. Il parut soi dain aux jeunes gens, dont les nerfs é taient d'ailleurs é branlé s par les é vé nements tragiques de la Ré volution et de l'Empire, que l'univers se dé robait sous leurs pas, que la vie ne valait plus la peine d'ê tre vé cue, en un mot, comme dit Alfred de Musset, qu'ils é taient venus «trop tard dans un monde trop vieux». Ce «mal du siè cle», qui est, à certains é gards, le mal de la jeunesse, personne ne semble l'avoir ressenti plus profondé ment ni analysé avec plus de lucidité que CHATEAUBRIAND dans son petit roman autobiographique René.
MÉ LANCOLIE DE RENÉ
La solitude absolue, le spectacle de la nature me plongè rent bientô t dans un é tat presque impossible à dé crire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'é tais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœ ur des ruisseaux d'une lave ardente; quelquefois, je poussais des cris involontaires, et la nuit é tait é galement troublé e de mes songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir l'abî me de mon existence; je descendais dans la vallé e, je m'é levais sur la montagne, appelant de toute la force de mes dé sirs l'idé al objet d'une flamme future; je l'embrassais dans les vents, je croyais l'entendre dans les gé missements du fleuve; tout é tait ce fantô me imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe mê me de la vie dans l'univers.
Toutefois cet é tat de calme et de trouble, d'indigence et de richesse, n'é tait pas sans quelques charmes: un jour je m'é tais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau, et à attacher une idé e à chaque feuille que le courant entraî nait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une ré volution subite, ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes à chaque accident qui menaç ait les dé bris de mon rameau. 0 faiblesse des mortels! ô enfance du cœ ur humain, qui ne vieillit jamais! Voilà donc à quel degré de pué rilité notre superbe raison peut descendre! Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destiné e à des choses d'aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.
Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j'é prouvais dans mes promenades? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un cœ ur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un dé sert: on en jouit, mais on ne peut les peindre. 406
L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravis- sement dans les mois de tempê tes. Tantô t j'aurais voulu ê tre un de ces guerriers1 errant au milieu des vents, des nuages et des fantô mes; tantô t j'enviais jusqu'au sort du pâ tre que je voyais ré chauffer ses mains à l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé au coin d'un bois. J'é coutais ses chants mé lancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l'homme est triste, lors mê me qu'il exprime le bonheur. Notre cœ ur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcé s de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
Le jour, je m'é garais sur de grandes bruyè res terminé es par des forê ts. Qu'il fallait peu de chose à ma rê verie! une feuille sé ché e que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumé e s'é levait dans la cime dé pouillé e des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chê ne, une roche é carté e, un é tang dé sert où le jonc flé tri murmurait! Le clocher solitaire, s'é levant au loin dans la vallé e, a souvent attiré mes regards; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tê te. Je me figurais les bords ignoré s, les climats lointains où ils se rendent; j'aurais voulu ê tre sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait; je sentais que je n'é tais moi-mê me qu'un voyageur; mais une voix du ciel semblait me dire: «Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue; attends que le vent de la mort se lè ve; alors tu dé ploieras ton vol vers ces ré gions inconnues que ton cœ ur demande».
«Levez-vous vite, orages dé siré s, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie!» Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frisson, enchanté 2 tourmenté, et comme possé dé par le dé mon de mon cœ ur*.
René (1802). Примечания:
1. Один из воинов, воспетых Оссианом, шотландским бардом III в., которого при- думал Макферсон и от имени которого сочинил ''Песни Оссиана". Это была одна из знаменитейших литературных мистификаций. 2. Очарованный, околдованный.
Вопросы:
* On comparera ce texte avec les piè ces cé lè bres de Lamartine intitulé es 1/isolement et L'Automne. — On a dit que Chateaubriand é tait le dernier «enchanteur des forê ts bretonnes-». Ce texte vous fait-il sentir pourquoi!
ERNEST RENAN (1823-1892)
avec la gé né ration de 1848 s'é teint d'une faç on assez brusque le dé courage- ment particulier à l'â ge romantique. L'homme, qui s'é tait cru dé laissé, ré prouvé, maudit, re-prend confiance, sinon en Dieu, du moins dans /ej progrè s de sa propre connaissance. Une nouvelle foi se cré e, une sorte de religion laï que qui aboutira à l'idolâ trie du «scientisme». ERNEST RENAN est certainement un de ceux qui ont traduit avec le plus de profondeur cet espoir en l'Avenir de la Science.
DE L'INDIVIDU A L'HUMANITÉ
Un jour, ma mè re et moi, en faisant un petit voyage à travers les sentiers
pierreux des cô tes de Bretagne qui laissent à tous ceux qui les ont foulé s de
si doux souvenirs, nous arrivâ mes à une é glise de hameau, entouré e, selon
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