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Le mariage manqué






Boulevard Saint-Michel, Sapeck passait un dimanche soir, lorsqu’il fut accosté par un jeune potache qui lui demanda, le képi à la main:

 

– Pardon, monsieur, vous plairait-il de me rendre un petit service?

 

– Tel est le plus cher de mes vœux. De quoi s’agit-il?

 

– Tout simplement de me rentrer au lycée Saint-Louis. Devant le censeur, vous me ferez vos adieux comme si vous étiez mon oncle.

 

Les voilà partis, Sapeck et le potache; Sapeck grave, le potache enchanté.

 

Dans le parloir, devant le censeur qui préside à la rentrée des élèves, Sapeck redouble de gravité:

 

– Bonsoir, mon neveu.

 

– Bonsoir, mon oncle.

 

– Travaille bien, mon neveu, et ne sois pas collé dimanche. Que ta devise soit celle de Tacite: Laboremus et bene nos conduisemus, car, comme l’a très bien fait observer Lucrèce dans un vers immortel: Sine labore et bona conducta ad nihil advenimus. Et surtout sois poli et convenable avec tes maîtres: Maxima pionibus debetur reverentia.

 

Le pauvre potache, pendant ce discours, semblait un peu gêné de la latinité cuisinière de son oncle improvisé. Il risqua un: Bonsoir, mon oncle! timide.

 

Mais Sapeck ne l’entendait pas ainsi. Il venait d’apercevoir, luisant sur le gilet du lycéen, une superbe chaîne d’or.

 

– Comment! s’écria-t-il, petit malheureux, tu emportes ta montre au collège? Ne sais-tu donc pas qu’à Rome, à la porte de chaque école, se trouvait un fonctionnaire chargé de fouiller les petits élèves et de leur enlever les sabliers et les clepsydres qu’ils dissimulaient sous leur toge? On appelait cet homme le scholarius detrussator, et Salluste avait dit à cette époque: Chronometrum juvenibus discipulis procurat distractiones.

 

– Mais, mon oncle…

 

– Remets-moi ta montre.

 

Le censeur intervint:

 

– Remettez donc votre montre à monsieur votre oncle. D’ailleurs, vous n’en avez nul besoin au lycée.

 

Le potache commençait à éprouver de sérieuses inquiétudes pour son horlogerie, quand le bon Sapeck, dont le cœur est d’or, conclut avec une infinie mansuétude:

 

– Allons, mon enfant, garde ta montre, et qu’elle soit pour moi le symbole du temps qui passe et ne saurait se rattraper: Fugit irreparabile tempus.

 

Cette histoire de mon ami Sapeck m’est revenue au souvenir, ces jours-ci, à l’épilogue d’une aventure qui m’arriva l’année dernière, et dont le début présente quelque analogie avec la première.

 

Moi aussi, je fus accosté par un potache. C’était un dimanche après-midi, à la fête de Neuilly.

 

Comme à Sapeck, mon potache me demanda, le képi à la main:

 

– Pardon, monsieur, vous plairait-il de me rendre un petit service?

 

– Si cela ne me dérange en rien[7], répondis-je poliment, je ne demande pas mieux. De quoi s’agit-il?

 

– Voici, monsieur… Permettez-moi d’abord de vous présenter ma bonne amie, dont je suis éperdument amoureux.

 

Et il me présenta une manière de petite brune drôlichonne qui louchait un peu.

 

Êtes-vous comme moi? J’adore les petites brunes drôlichonnes qui louchent un peu.

 

Je m’inclinai.

 

– Je suis très désireux, reprit le potache, d’avoir le portrait de mademoiselle sur ma cheminée. Mais ma mère ne consentira jamais à laisser traîner un portrait de demoiselle sur ma cheminée. Aussi ai-je imaginé un subterfuge. Elle se fera photographier en votre compagnie, et je dirai à ma mère que c’est le portrait d’un de mes professeurs et de sa femme. Ça vous va-t-il?

 

Au fond, je suis bon; cela m’alla.

 

Nous entrâmes chez un photographe forain, qui nous livra en quelques minutes un pur chef-d’œuvre de ressemblance sur tôle, encadré richement, le tout pour 1 franc 75.

 

Tout dernièrement, j’ai été sur le point de me marier.

 

Un jour, mon ex-futur beau-père me demanda, non sans raideur:

 

– Au moins, avez-vous rompu définitivement?

 

– Rompu? fis-je. Rompu avec qui?

 

– Avec certaine petite brunette qui louchait un peu.

 

Je fouillai au plus profond de mes souvenirs. Aucun fantôme de brunette qui louche un peu.

 

Je niai carrément.

 

– Et ça? brandit mon beau-père.

 

Comment s’était-il procuré le malheureux portrait, je ne le sus jamais, mais il l’avait en sa possession.

 

– Qu’on ait des maîtresses, disait-il, je le comprends, et même je l’admets… Mais qu’on s’affiche avec! …

 

Et il ne concluait même pas.

 

Il me refusa sa fille.

 

Ça m’est égal, j’ai appris depuis qu’elle avait des habitudes invétérées d’ivrognerie.

 


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