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Vilains Bonshommes
Un coin de table, assis à gauche: Paul Verlaine et Arthur Rimbaud (Henri Fantin-Latour, 1872, musé e d'Orsay). Il est difficile de situer le dé but de la relation é pistolaire avec Verlaine. Celui-ci pré tend avoir reç u trè s peu de courriers et ne parle que de l'envoi des Premiè res communions et des Effaré s. Charles Bretagne met Rimbaud en contact avec son ami Paul Verlaine et un courrier a dû sceller le prochain dé part de Rimbaud pour Paris vers le mois d'aoû t. En aoû t 1871, dans son poè me parodique, Ce qu'on dit au poè te à propos de fleurs, Rimbaud exprime une critique ouverte de la poé tique de Banville. Finalement Verlaine l'appelle à Paris: «Venez chè re grande â me, on vous appelle, on vous attend!» Bien que brillant é lè ve, Arthur Rimbaud ne retournera pas au collè ge. Il arrive dans la capitale vers le 15 septembre 1871. Il est pré senté et trè s bien accueilli par ses pairs plus â gé s, au dî ner des «Vilains Bonshommes» le 30 septembre. Il y rencontre une part essentielle des grands poè tes de son temps. Il est successivement logé par Verlaine, rue Nicolet, non sans heurts avec la femme de ce dernier, puis chez Charles Cros, André Gill et mê me quelques jours chez Thé odore de Banville18. Le 20 octobre de cette anné e, Rimbaud a tout juste dix-sept ans. Il a atteint sa maturité poé tique comme en té moignent plusieurs chefs-d'œ uvre comme Les Premiè res communions et Le Bateau ivre. En mars 1872, les provocations de Rimbaud excè dent le milieu parisien depuis quelque temps. L'incident Carjat au dî ner des Vilains Bonshommes de mars 1872 fut la goutte qui fait dé border le vase. Rimbaud complè tement saoul y a blessé le cé lè bre photographe d'un coup de canne-é pé e. Pour sauver son couple et rassurer ses amis, Verlaine se condamne à é loigner Rimbaud de Paris. Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville, puis revient dans la capitale dans le courant du premier semestre 1872 pour de nouveau quitter Paris le 7 juillet, cette fois en compagnie de Verlaine. Commence alors avec son aî né une liaison amoureuse et une vie agité e à Londres, puis à Bruxelles. Rimbaud alité aprè s le «drame de Bruxelles», juillet 1873 (tableau peint par Jef Rosman, musé e Arthur-Rimbaud). Cette liaison tumultueuse se termine par ce que la chronique litté raire dé signe sous le nom de «drame de Bruxelles»: en juillet 1873, les deux amants sont à Londres. Verlaine quitte brusquement Rimbaud, en affirmant vouloir rejoindre sa femme, dé cidé à se tirer une balle dans la tê te si elle n'accepte pas. Il retourne alors à Bruxelles et ré side dans un hô tel. Rimbaud le rejoint, persuadé que Verlaine n'aura pas le courage de mettre fin à ses jours. Alors que Rimbaud veut le quitter, Verlaine, ivre, tire sur lui à deux reprises, le blessant lé gè rement au poignet. Verlaine est incarcé ré à Mons. Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche où il s’isole pour é crire Une saison en enfer. Son parcours litté raire s'achè ve par l'irruption de «la ré alité rugueuse à é treindre». Aussi va-t-il se taire, parce qu'il a accompli tout ce qui é tait en son pouvoir, dans le «dé sert et la nuit» qui l'entourent[Quoi? ]. Il sait dé sormais qu'à elle seule, la poé sie ne peut changer la vie si elle n'est pas servie par une ré volution totale où l'amour, la liberté et la poé sie se conjuguent au pré sent[non pertinent]. Il retourne un temps à Londres en compagnie du poè te Germain Nouveau, qui participe à la mise au net des manuscrits des Illuminations. Venant d’avoir vingt ans en octobre 1874, il ne peut se rendre à temps devant le conseil de ré vision pour le tirage au sort. Le maire de Charleville s’en charge et n’a pas la main heureuse. De retour le 29 dé cembre, Rimbaud fait valoir un article de la loi sur le recrutement du 27 juillet 1872, qui le fait bé né ficier d’une dispense grâ ce à son frè re Fré dé ric, dé jà engagé pour cinq ans. Il est donc dispensé du service militaire mais pas de la pé riode d’instruction (à laquelle il se dé robera). Abandon de la poé sie «Car Je est un autre. Si le cuivre s'é veille clairon, il n'y a rien de sa faute». (Extrait de la lettre à Paul Demeny (dite lettre du voyant), 15 mai 1871). Il ne retournera pas en Angleterre car, aprè s avoir é tudié l’allemand depuis le dé but de l’anné e 1875, il part pour l'Allemagne le 13 fé vrier19, pour se rendre à Stuttgart, afin de parfaire son apprentissage de la langue. Verlaine, libé ré depuis le 16 janvier, aprè s dix-huit mois d’incarcé ration, transformé par des accè s mystiques, vient le voir «un chapelet au pince… Trois heures aprè s on avait renié son dieu et fait saigner les quatre-vingt-dix-huit plaies de N.S. Il est resté deux jours et demi...[et]...s’en est retourné à Paris…20». Le temps de lui remettre les manuscrits des Illuminations, afin qu'il les remette à Germain Nouveau, pour une é ventuelle publication21. Rimbaud à la mi-dé cembre 1875, par Ernest Delahaye. Fin mars, il quitte Stuttgart avec, maintenant, l’envie d’apprendre l’italien. Pour ce faire, il traverse la Suisse en train et, par manque d’argent, franchit le Saint-Gothard à pied. À Milan, une veuve charitable lui offre opportuné ment l'hospitalité. Il y reste une trentaine de jours puis reprend la route. Victime d’une insolation sur le chemin de Sienne, il est soigné dans un hô pital de Livourne puis est rapatrié le 15 juin, à bord du vapeur Gé né ral Paoli. Dé barqué à Marseille, il est à nouveau hospitalisé quelque temps. Aprè s ces aventures «é pastrouillantes» [dixit Ernest Delahaye], il annonce à ce dernier son intention d’aller s’engager dans les carlistes, histoire d’aller apprendre l’españ ol [sic]22mais ne la concré tisera pas. Redoutant les remontrances de la Mother, il traî ne des pieds en vivant d’expé dients dans la cité phocé enne. Il fera son retour à Charleville mi-aoû t où, entre-temps, sa famille a changé de logement23. Cette anné e-là, à l’instar de son ami Delahaye, Rimbaud envisage de passer son baccalauré at è s science avec l’objectif de faire Polytechnique, ce qu’il ne peut ré aliser car vingt ans est l’â ge limite pour y accé der et, en cet automne 1875, il en a vingt et un. Nouvelle foucade: il suit des cours de solfè ge et de piano et obtient le consentement de la mè re pour installer l’instrument au logis. À ce moment, Verlaine qui reç oit des nouvelles de Rimbaud par l’é change d’une correspondance assidue avec Delahaye, est en demande d’anciens vers d’Arthur. «Des vers de Lui? Il y a beau temps que sa verve est à plat. Je crois mê me qu’il ne se souvient plus du tout d’en avoir fait24.» Le 18 dé cembre, sa sœ ur Vitalie meurt à dix-sept ans et demi d’une synovite tuberculeuse. Le jour des obsè ques, les assistants regardent avec é tonnement le crâ ne rasé du fils cadet. Vers l’Orient Aprè s avoir mû ri quelques solutions pour dé couvrir d’autres pays à moindre frais, il reprend la route en mars 1876, pour se rendre en Autriche. Le pé riple envisagé tourne court: à Vienne, dé pouillé par un cocher puis arrê té pour vagabondage, il est expulsé du pays et se voit contraint de regagner Charleville. Aux environs de mai, il repart. Cette fois, en direction de Bruxelles. S’est-il fait racoler par les services d’une armé e é trangè re? Toujours est-il qu’il se pré sente, au bureau de recrutement de l’armé e coloniale né erlandaise, pour servir dans les colonies indiennes. Muni d’un billet de train, il aboutit – aprè s un contrô le à la garnison de Rotterdam – dans la caserne d’Harderwijk, le 18 mai, où il signe un engagement pour six ans. Le 10 juin, Rimbaud et les autres mercenaires, é quipé s, formé s, riches de leur prime (300 florins au dé part du bateau, trois cents florins à l'arrivé e à destination 25) et chargé s de ré primer une ré volte dans l’î le de Sumatra, sont transporté s à Den Helder, pour embarquer à bord du Prins van Oranje, direction Java. Aprè s une premiè re escale à Southampton et le contournement de Gibraltar, le voyage connaî t quelques dé sertions lors d’escales ou passages prè s des cô tes: Naples, Port-Saï d, traversé e du canal de Suez, Suez, Aden et Padang26. Le 23 juillet, le vapeur accoste à Batavia. Une semaine aprè s, les engagé s reprennent la mer jusqu’à Semarang pour ê tre acheminé s en train puis à pied jusqu’à la caserne de Salatiga. En possession de la seconde partie de sa prime, goû tant peu la discipline militaire, Rimbaud dé serte. Quelques semaines lui sont né cessaires pour se cacher et retourner à Semarang où il se fait enrô ler sur le Wandering Chief, un voilier é cossais qui appareille le 30 aoû t pour Queenstown, en Irlande. Au bout d’un mois de mer, le navire essuie une tempê te en passant le cap de Bonne-Espé rance. La mâ ture dé té rioré e, il continue né anmoins sa route sur Sainte-Hé lè ne, l’î le de l’Ascension, les Aç ores… Arrivé à bon port le 6 dé cembre, «Rimbald le marin», comme le surnommera Germain Nouveau, quand il le rencontrera à Paris, poursuit par les é tapes suivantes: Cork, Liverpool, Le Havre, Paris et toujours pour finir... à Charlestown27.
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