Ãëàâíàÿ ñòðàíèöà Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà ÊÀÒÅÃÎÐÈÈ: ÀâòîìîáèëèÀñòðîíîìèÿÁèîëîãèÿÃåîãðàôèÿÄîì è ñàäÄðóãèå ÿçûêèÄðóãîåÈíôîðìàòèêàÈñòîðèÿÊóëüòóðàËèòåðàòóðàËîãèêàÌàòåìàòèêàÌåäèöèíàÌåòàëëóðãèÿÌåõàíèêàÎáðàçîâàíèåÎõðàíà òðóäàÏåäàãîãèêàÏîëèòèêàÏðàâîÏñèõîëîãèÿÐåëèãèÿÐèòîðèêàÑîöèîëîãèÿÑïîðòÑòðîèòåëüñòâîÒåõíîëîãèÿÒóðèçìÔèçèêàÔèëîñîôèÿÔèíàíñûÕèìèÿ×åð÷åíèåÝêîëîãèÿÝêîíîìèêàÝëåêòðîíèêà |
Matilde Viscontini Dembowski, son grand amour malheureux
En avril 1817, il se rend à Paris, aprè s un passage par Grenoble, pour donner son manuscrit à Pierre Didot. En aoû t, il visite Londres. À son retour à Paris, sont parus l’Histoire de la peinture en Italie, sous son vrai nom, et Rome, Naples et Florence sous le pseudonyme de Stendhal. En novembre 1817, il retourne à Milan accompagné de sa sœ ur Pauline qui vient de perdre son mari. Il entreprend une Vie de Napolé on à partir de fé vrier 1818 pour ré pondre aux ouvrages de Madame de Staë l. En mars 1818, son ami Giuseppe Vismara, lui pré sente Matilde Dembowski. Son admiration pour celle qu'il appelle Mé tilde le paralyse de timidité et de maladresse: «Je n'ai jamais eu le talent de sé duire qu'envers les femmes que je n'aimais pas du tout. Dè s que j'aime, je deviens timide et vous pouvez en juger par le dé contenancement dont je suis auprè s de vous»59. Dans un premier temps Matilde se montre touché e par cette adoration silencieuse. Mais subitement, elle se refroidit, probablement parce que sa cousine, Francesca Traversi, aurait dé peint Stendhal comme un sé ducteur60. Au printemps 1819 Stendhal ruine tous ses espoirs en suivant sous un dé guisement, Matilde, qui é tait allé e voir ses fils à Volterra. Elle ne le lui pardonnera pas, malgré ses nombreuses lettres d'excuses et n'acceptera de le revoir que sous certaines conditions trè s strictes. Le 10 aoû t, apprenant le dé cè s de son pè re, il part pour Grenoble, puis regagne Paris jusqu'en octobre. Fin dé cembre, de retour à Milan, il commence De l'amour, pour exprimer tout ce que lui fait é prouver Matilde, vé ritable essai de psychologie, dans lequel il expose sa thé orie de la «cristallisation». En 1821 é clate une ré volution dans le Pié mont contre l'occupant autrichien. Parce qu'il est accusé de sympathie pour le carbonarisme il est expulsé de Milan par l'administration autrichienne. Il se voit obligé de quitter Matilde qu'il aime pour regagner Paris qu'il n'aime pas. L'essor litté raire, 1821-1830 Giuditta Pasta, dont il fré quente le salon. Fin juin 1821, il est de retour à Paris, presque ruiné aprè s le dé cè s de son pè re, dé primé par ses adieux à Matilde: «Je quittais Milan pour Paris le … juin 1821, avec une somme de 3 500 Francs, je crois, regardant comme unique bonheur de me brû ler la cervelle quand cette somme serait finie. Je quittais, aprè s trois ans d’intimité, une femme que j’adorais, qui m’aimait et qui ne s’est jamais donné e à moi.»61 Pour tenter de l’oublier, il fré quente assidument ses amis Adolphe de Mareste et Joseph Lingay. Il racontera dans Souvenirs d’é gotisme son fiasco auprè s d'une belle prostitué e du nom d’Alexandrine, encore obnubilé par Matilde, puis sa gué rison lors d’un sé jour à Londres où il va «chercher un remè de au Spleen62», auprè s d’une douce et jeune anglaise. Sa grande passion qui dura deux ans, Clé mentine Curial, qu'il surnomme Menti. À Paris, il passe ses soiré es à l’opé ra ou dans les salons de la gauche Libé rale d’Antoine Destutt de Tracy, de La Fayette (Libé raux qu'il trouve «outrageusement niais63»), de royalistes comme Madame Ancelot, de savants comme le baron Cuvier, de peintres comme le baron Gé rard, ainsi que le cé nacle d’Etienne-Jean Delé cluze. Il est admiré pour sa maniè re de raconter des histoires mais choque par ses sarcasmes, ses boutades, ses provocations politiques, ses idé es jacobines…64 Il fré quente beaucoup aussi celui de Giuditta Pasta, cantatrice Italienne avec qui on lui prê te, à tort, une liaison; il s’installe d’ailleurs dans le mê me immeuble, rue de Richelieu. En ré alité, c’est pour y entendre les Carbonari en exil, y parler Italien et, parfois, de Matilde. Son ami Lingay lui pré sente le jeune Prosper Mé rimé e, avec qui il nouera une amitié ambivalente faite de complicité et de mé fiance65. En 1822 il publie dans l’indiffé rence gé né raleN 9, De l'amour, aprè s avoir ré cupé ré le manuscrit é garé pendant plus d'un an. Il prend ardemment la dé fense du Romantisme avec Racine et Shakespeare, ainsi qu’une Vie de Rossini en 1823, ouvrages qui le font connaî tre. Il fait un second sé jour à Londres, puis é crit des articles pour des journaux anglais. Alberthe de Rubempré qu’il surnomme Madame Azur parce qu’elle habite rue Bleue. Cette é poque est aussi celle des amours tumultueuses: Clé mentine Curial, la fille de son amie la comtesse Beugnot, qui l’avait dé jà troublé en 1814, lorsqu'il l’avait vue pieds nus chez sa mè re, attend longuement de lui une dé claration: «Ma mé lancolie regardait avec plaisir les yeux si beaux de Mme Berthois [Clé mentine Curial]. Dans ma stupidité, je n’allais pas plus loin66.» Il finit par lui avouer ses sentiments en mai 1824. Jusqu’en 1826 ils s’aiment, s’é crivent, se dé chirent. Elle le cache trois jours dans la cave de son châ teau en juillet 1824, le nourrissant, vidant son pot de chambre… C’est elle qui le gué rit dé finitivement de Matilde: «alors seulement le souvenir de Mé tilde ne fut plus dé chirant, et devint comme un fantô me tendre et profondé ment triste67.» En juin 1829, c’est Alberthe de Rubempré, femme trè s belle et trè s libre, cousine de Delacroix, qui devient sa maî tresse. Il a avec elle une relation torride et de courte duré e. Au retour d’un voyage en Espagne, en dé cembre 1829, il la retrouve dans les bras de son ami Mareste. En fé vrier 1830, c’est une jeune fille Italienne, Giulia Rinieri qui lui dé clare son amour «Je sais bien et depuis longtemps que tu es laid et vieux, mais je t’aime68.» C’est chez elle qu’il passera la nuit du 29 juillet 1830 où il assistera à la Ré volution de Juillet de son balcon. Pé riode intellectuellement trè s fé conde. Il publie son premier roman, Armance en 1827, mal compris et mal reç u, dont le thè me, l’impuissance, lui est fourni par le roman de son amie Claire de Duras, Olivier, ou le secret. En 1829 c’est Promenades dans Rome. Tout en é crivant de nombreuses nouvelles (Vanina Vanini, Le coffre et le revenant, Le philtre), il commence à é crire son second roman, Le Rouge et le Noir. Il en corrige les é preuves durant les journé es de Juillet. Il paraî t le 13 novembre 1830, alors qu'il est dé jà parti en Italie. Se foutre carré ment de tout, 1831-1842 Giulia Rinieri, l’amoureuse dé voué e Alors que sa notorié té naissante et le courage des Parisiens lors de la Ré volution de Juillet commenç aient à lui faire aimer ParisN 10, il doit quitter la France. Ses amis ont parlé de lui au comte Molé, ministre des affaires é trangè re du nouveau Roi des Franç ais, il est nommé consul à Trieste. Il part le 6 novembre 1830, le jour où il demande la main de Giulia Rinieri, à son oncle. Elle ne lui sera pas accordé e. Metternich lui refuse l'exequatur, à cause de ses positions libé rales et son mé pris des Autrichiens qui transparaî t dans Rome, Naples et Florence. En attendant qu'on lui trouve un autre poste, il se rend à Venise où il fré quente le salon de la Comtesse Albrizzi. Par son é loignement, il ignore la ré ception du Rouge et le Noir. Admiré par Sainte Beuve, il est honni par Victor Hugo: «chaque fois que je tente de dé chiffrer une phrase de votre ouvrage de predilection [ré pondant à Rochefort, admirateur du Rouge], c’est comme si on m’arrachait une dent… Stendhal ne s’est jamais douté un seul instant de ce que c’é tait que d’é crire69.» Portrait de Stendhal par Ducis, 1835, Bibliothè que Sormani, Milan. Portrait mé lancolique. Il est finalement nommé en 1831 à Civitavecchia, seul port des É tats Pontificaux, «trou abominable» de sept mille cinq cent habitants, dont mille forç ats70. Là il y est terrassé par l'ennui et la bê tise: aucun salon, aucun ami, aucune jolie femme, aucune discussion intellectuelle. Il se donne du courage avec son mot d’ordre, «SFCDT» (Se Foutre Carré ment De Tout)71 et en commenç ant plusieurs romans: Une Position sociale en septembre 1832, Lucien Leuwen en mai 1834; deux essais d’autobiographies, Souvenirs d’é gotisme de juin à juillet 1832, la Vie de Henry Brulard en novembre 1835. Il n’en termine aucun. Il é crit pour lui seul puisqu’il a dé cidé, en fé vrier 1831 de ne rien publier tant qu'il serait fonctionnaire par crainte de dé plaire à sa hié rarchie: «Je me fais plat, j’é cris peu ou point… Tout mon but est d’ê tre moral comme un sous-chef de bureau72». Pour s'occuper, il participe aux fouilles arché ologiques mené es par son ami Donato Bucci73, se rend fré quemment à Rome, voyage à Florence, Naples… Il se rend fré quemment à Sienne rejoindre Giulia Rinieri. Leur liaison continue jusqu’en juin 1833, lorsqu’elle est obligé e de se marier. En mai 1836 il obtient un congé de trois ans en France, jusqu’en avril 1839, qui lui permet d'é crire ses Chroniques Italiennes, et La Chartreuse de Parme. De voyager, aussi, en France, en Suisse, aux Pays-Bas, et d’en é crire les Mé moires d’un touriste. À Paris, il retrouve, une fois de plus, Giulia, qui é prouve toujours pour lui beaucoup de tendresse. Liste des femmes qu’il a aimé es, ré digé en 1832 dans Vie de Henry Brulard: «Je rê vais profondé ment à ces noms, et aux é tonnantes bê tises et sottises qu’ils m’ont fait faire.» En mars 1839, changement de gouvernement, Stendhal n’est plus sous la protection du Comte Molé, il doit retourner à son poste. Le 6 avril, paraî t La Chartreuse de Parme, qui remporte un vif succè s (1200 exemplaires vendus en dix-huit mois) puis l’Abbesse de Castro et trois autres chroniques en dé cembre de la mê me anné e. Entretemps, il avait commencé Lamiel, le Rose et le vert et repris une Vie de Napolé on. Revenu à Civitavecchia le 10 aoû t 1839, il est a nouveau malade d’ennui. Puis il est ré ellement malade lorsqu'il est frappé d’une syncope le 1er janvier 1840. Ce qui ne l’empê che pas de tomber amoureux d’une certaine Earline (peut-ê tre la Comtesse Cini, une de ses admiratrices) en fé vrier, ni de revoir Giulia à Florence. Il lit en septembre 1840 un article de Balzac louant la Chartreuse de Parme. Une autre attaque d’apoplexie le frappe en mars 1841. Le 21 octobre, il retourne à Paris, en congé maladie. Se sentant mieux, il s’engage le 21 mars 1842 à fournir des nouvelles à la Revue des Deux-Mondes, juste avant d’ê tre foudroyé par une nouvelle attaque, le lendemain, dans la rue. Il meurt le 23 mars à deux heures du matin. Sa dé pouille est inhumé e au cimetiè re de Montmartre à Paris. Lorsque Stendhal fera le bilan de sa vie dans Vie de Henry Brulard en 1832, il é crira ceci: «L’é tat habituel de ma vie a é té celui d’amant malheureux, aimant la musique et la peinture […] Je vois que la rê verie a é té ce que j’ai pré fé ré à tout, mê me à passer pour homme d’esprit74.»
|