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Le massif Central






Jules Romains est né dans le Velay, J province dominé e far le mont Mé zenc.
Demeuré toujours fidè le à cet â pre pays, il en exprime admirablement l'é trange
et puissante beauté.

Emmanuel explique à Thé rè se l'existence qu'elle mè nera en pleine
montagne des Cé vennes, quand il l'aura é posé e.

THÉ RÈ SE, aprè s un silence.
Je ne pourrai pas vivre ici.

EMMANUEL

Mais ce n'est pas ici que nous vivrons d'abord.
Notre pè re Hé lier nous donne une maison
Qu'il possè de dans la bruyè re du Mé zenc.
Nous y serons un village, et tout un royaume.


Thé rè se parait attentive. Son visage s'é claire.

É coute-moi. C'est une grande maison basse
Qui s'enfonce à demi dans un creux de la lande,
Avec un long toit penchant qui rejoint le sol,
Et un seul arbre qui se ré pand sur le toit.
Alentour, aussi loin que peut porter la vue,
Tout est dé sert, tout n'est qu'une onde d'herbe rase
Ou que doué e é paisseur de bruyè re feutré e1.
Et tant d'espace ne s'é tend jusqu'à personne.

Il n'y a pas un signe de possession.
Par endroits, une pierre planté e,

un genê t.

Dè s septembre, il vient là -dessus de lents brouillards;
On est seul, comme au fond de son meilleur sommeil,
Et l'on voit tout à coup naî tre et fuir dans la brume
Un poulain libre qui galope sans nul bruit.
Et c'est la neige, aprè s, qui commence à tomber.
Elle est tendre, au dé but, elle fond vers midi,
Laissant une rosé e à la pointe des herbes.
Mais un beau jour d'octobre elle ne s'en va plus.
L'on cesse de voir l'herbe rase, et la bruyè re,
Puis les pierres planté es,

et les genê ts aussi.

Un nouveau sol pousse, avec de nouvelles formes,
Comme si une bê te avait changé de peau,
Un sol neuf, qui est terre par la dureté,
Et qui est ciel, en mê me temos, par la lumiè re.

Peu à peu, la maison s'ensevelit.

On tâ che

De garder un chemin libre devant le seuil,
Et la neige fait deux murailles qui grandissent.

Et puis, une nuit, il en tombe
Tellement, que le jour d'aprè s
On renonce à prendre la pelle.

Il faut barricader la porte:
Une barre en haut, une en bas,


Et deux autres qu'on coince en terre
Pour é pauler chaque battant.

THÉ RÈ SE, moitié souriant, moitié frissonnant.

Et tu veux me mettre en prison
Dans la neige du mont Mé zenc?
Mais je mourrais, Emmanuel!

EMMANUEL, venant encore plus prè s d'elle.

La maison est alors aussi secrè te et seule
Que si on se cachait à cent pieds sous le sol.
L'on n'entend plus que la fontaine inté rieure
Couler infiniment dans l'auge de granit.

L'â me se plaî t entre l'é table et la cuisine.

Il repose2, au plafond, sur des claies toutes noires,

Des jambons, du fromage et du lard pour plus de six mois.

Des bottes de saucissons pendent a la cheminé e.

On bute au cellier sur des pommes de terre croulantes;

Deux armoires de chê ne abritent mille fruits en rangs;
II se carre au grenier plus d'un sac de belle farine,
Et le foin dans la grange est entassé jusqu'aux chevrons3
Alors la maison s'emplit de la chaleur de l'é table.
L'eau semble tiè de aux mains comme la laine des brebis.
Il ne vient un peu de jour que par la haute lucarne
Qui est auprè s de l'arbre et que la neige n'atteint pas.
C'est une fente é troite et profonde comme une source.
Le jour qui en descend paraî t un plaisir d'homme riche4,
Et on le recueille avec beaucoup de soin dans ses yeux.

Mais le soir une grosse lampe
Bourdonne au-dessus de la table,
Jusqu'à l'heure de s'endormir.

Les lits sont enfoncé s dans une muraille de bois;

Ils vont loin, comme des trous d'insectes au cœ ur d'un vieil arbre.

Le sommeil y est plus enivrant que partout ailleurs,

Plus libre de la terre, plus entré dans l'autre vie;

Trè s bas, tout prè s de son visage:
28


Le sommeil, Thé rè se, le sommeil,
et aussi l'amour*.

JULES ROMAINS. Cromedeyre-le-Vieil, IV, II (1920).
Примечания:

1. Имеется в виду, что на вересковых зарослях вереск образует упругий, плотный
(как войлок) слой. 2. Tour impersonnel. Le vrai sujet est: des jambons, du fromage et du
lard
(v. plus bas: il se carre). 3. Стропила крыши сходятся под острым углом в форме
буквы А. 4. То есть удовольствие редкостное и утонченное.

Вопросы:

* Montrez quelle poé sie se dé gage de ce style aux formes pleines et denses.


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