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HENRI IV, LE ROI TOLÉRANT






(1553-1610)

Lorsqu'il voulut glorifier l'esprit de tolé rance en un vaste poè me é pique,
Voltaire choisit de cé lé brer Henri IV. On voit 'powquoi: ce roi fut l'ennemi du
fanatisme, et, pour mettre fin aux guerres religieuses, ne craignit pas d'abjurer
le protestantisme pour se faire catholique.

En dé crivant, dans sa minutie pittoresque, le dé tail de la derniè re journé e
d'Henri IV, LES FRÈ RES THARAUD ont su rendre hommage au moins à deux
qualité s fonciè res du souverain: sa pré occupation constante de son royal
mé tier, et son courage à dé fier les complots du fanatisme.

Jamais le Roi n'apparut plus pré sent à toutes choses, et en mê me temps
plus mysté rieux, plus lointain, plus diffé rent de tous ceux qui l'entouraient,
que dans ce jour du vendredi, quatorziè me de mai, qui fut le dernier de sa
vie. Il s'é veilla de bon matin, se fit porter ses Heures1 dans son lit, car il
avait toutes les faç ons d'un excellent catholique, allait tous les jours à la
messe, et mê me avait fondé un ordre de chevalerie religieuse, l'ordre de la
Vierge du Mont Carmel, dont les membres devaient s'abstenir de manger
de la chair le mercredi et ré citer chaque matin l'office de la Vierge Marie,
ou tout au moins le chapelet.

Son fils Vendô me2 vint l'avertir que l'horoscope de ce jour ne lui é tait
pas favorable et qu'il devait se bien garder. «Qui vous a dit cela? fit le
Roi.— Le mé decin La Brosse.» Sa Majesté, qui connaissait La Brosse,
ré pliqua: «C'est un vieux fou; et vous en ê tes un jeune.»

On doit ajouter toutefois que l'anecdote est incertaine, encore qu'il n'y eû t
guè re de jour où l'on ne vî nt porter au Roi quelque pré sage de la sorte. Il n'y
avait d'ailleurs pas d'occasion qu'il ne saisî t pour se moquer de ces vains
pronostics «La vie, avec telles craintes, serait pire que la mort, disait-il
insouciamment je suis dans la main de Dieu, et ce qu'il garde est bien gardé.»
Et à ce propos, il racontait qu'un devin lui avait pré dit qu'il serait enterré huit
jours aprè s son cousin Henri Ш, lequel é tait mort depuis vingt ans.

Toute la matiné e, il s'entretint des né gociations en cours, de la guerre
qui se pré parait3 des reconnaissances qu'on avait faites pour le passage de
ses troupes en Flandre, de l'é tat de son armé e, des é quipages, de l'artillerie;
d s'informa auprè s des maré chaux des logis des dispositions prises dans la
rue Saint-Denis sur le parcours du cortè ge qui devait se dé rouler le
dimanche, jour de l'entré e solennelle de la Reine à Paris; il s'enquit des
Personnages qui avaient retenu des fenê tres et où se trouvait le logis d'où


lui-mê me il verrait passer sa femme; puis il se rendit à Saint-Roch4 pour y
entendre l'office. Au mê me moment, Ravaillac entendait aussi la messe. Il
é tait agenouillé dans l'é glise Saint-Benoî t5. Qui dira les sentiments, les
pensé es qui occupaient à cette heure la victime et le bourreau, le Bé arnais
incré dule qui rê ve de sa maî tresse, et le sombre Angoumoisin qui é coute
dans l'extase les derniers ordres de Dieu...?

On é tait un vendredi, jour pareil aux autres jours pour l'homme qui suit
l'office à Saint-Roch; jour terrible, jour non pareil pour l'homme qui prie
à Saint-Benoî t, jour de tristesse où l'Eglise pleure sur les morts, et fait
trembler les vivants, (...) jour du plus grand sacrifice, où Jé sus s'offre en
holocauste pour racheter les pé ché s des hommes... Pour racheter ce pauvre
royaume, ne pouvait-on sacrifier une misé rable vie? Un doute pourtant, un
dernier doute fait hé siter Ravaillac. Il sait qu'il va frapper un homme en
é tat de pé ché mortel et que c'est sa vie é ternelle qu'il va prendre avec sa
vie. Doit-il envoyer une â me à la damnation é ternelle? Mais quoi! est-ce
encore une â me. l'esprit d'où Dieu s'est retiré *?..

Il sortit de Saint-Benoî t, regagna les Cinq-Croissants6, y dé jeuna avec
l'hô te7 et un nommé Colletet, marchand..

De son cô té, Sa Majesté remonta dans son carrosse, et rencontrant en
chemin messieurs de Guise et Bassompierre8 il fit descendre une dame qui
se trouvait dans le berceau9 pour prendre avec lui ses gentilshommes.

La conversation s'engagea sur un sujet assez plaisant, et soudain le Roi,
touché par cette main de glace qui depuis quelques semaines s'abattait sur
son é paule, et le jetait aux pensé es graves, exprima une idé e qui
aujourd'hui lui é tait familiè re, mais qui parut surprenante aux courtisans
qui l'é coutaient:

«Vous ne me connaissez pas maintenant; mais je mourrai un de ces
jours, et quand vous m'aurez perdu, vous reconnaî trez la diffé rence qu'il
y a de moi aux autres hommes**.»

Monsieur de Bassompierre dit alors:

«Sire, ne cesserez-vous donc jamais de nous troubler en nous disant que
vous mourrez bientô t? Vous vivrez, s'il plaî t à Dieu, bonnes et longues
anné es. Vous n'ê tes qu'en la fleur de votre â ge, en une parfaite santé et
force de corps, plein d'honneurs plus qu'aucun mortel, jouissant en toute
tranquillité du plus florissant royaume du monde, aimé et adoré de vos
sujets. Belle femme, belles maî tresses, beaux enfants qui deviennent
grands, que vous faut-il de plus et qu'avez-vous à dé sirer davantage?»

Le Roi se mit à soupirer et ré pondit simplement: «Mon ami, il faut
quitter tout cela.»


Quel é trange mot mysté rieux! Quel sentiment divinatoire, que de regret
dans ce soupir! Mais la main glacé e l'abandonne, l'avenir se ferme à ses
yeux; et l'on s'é tonne qu'ayant jeté un tel regard sur son destin, les soucis
journaliers et les plaisirs communs puissent l'occuper encore.

JÉ RÔ ME et JEAN THARAJJD. La Tragé die de Ravaillac (19J3).

Примечания:

1. Часослов, молитвенник. 2. Герцог Вандомский, Сезар (1594 — 1653) — побочный
сын Генриха IV, его матерью была Габриель д'Эстре. 3. С Австрийской монархией.

4. Церковь в нескольких сотнях метров от Лувра. Сохранилась до наших дней

5. На углу улиц Сен-Жак и Эколь — не сохранилась. 6. Трактир. 7. Фамилия трактир-
щика. 8. Придворные. 9. Букв, колыбель. Сидение в передней часги кареты, накрытое
пологом, подобно колыбели.

Вопросы:

* Montrer l'effort accompli par les auteurs de cette page pour humaniser la psychologie
du futur ré gicide.

** Quelle é tait cette diffé rence?

RICHELIEU (1585-1642)
ET «LES ENNEMIS DE L'É TAT»

En une phrase, lapidaire, prononcé e peu de temps avant sa mort, Richelieu
s'est jugé lui-mê me avec lucidité: «Je n'ai jamais eu d'autres ennemis que ceux
de l'Etat.» Quand on songe que ces ennemis n'é taient ni moins nombreux, ni
moins puissants аи-dedans quau-dehors, et que tous, pourtant, furent
finalement ré duits, on mesure du mê me coup l'œ uvre du Cardinal: c'est à lui
qu'il faut rapporter le mé rite d'avoir assis dé finitivement l'unité franç aise.
Mais l'aristocratie qu'il mit au pas trouvera un dé fenseur dans Alfred de Vigny.
Associant des pré jugé s de classe et ses convictions personnelles, celui-ci a
traduit sous une forme mé lodramatique la domination morale exercé e par
Richelieu sur le faible Louis XIII, notamment lors de la ré pression du complot
de trahison ourdi par Cinq-Mars et De Thou.

«Laissez-moi», dit le Roi d'un ton d'humeur. Le secré taire d'Etat sortit
lentement. Ce fut alors que Louis XIII se vit tout entier et s'effraya du
né ant qu'il trouvait en lui-mê me. Il promena d'abord sa vue sur l'amas de
papiers qui l'entourait, passant de l'un à l'autre, trouvant partout des
dangers et ne les trouvant jamais plus grands que dans les ressources
mê mes qu'il inventait. II se leva et, changeant de place, se courba ou plutô t


se jeta sur une carte gé ographique de l'Europe; il y trouva toutes ses
terreurs ensemble, au nord, au midi, au centre de son royaume; les
ré volutions lui apparaissaient comme des Eumé nides1; sous chaque
contré e, il crut voir fumer un volcan; il lui semblait entendre les cris de
dé tresse des rois qui l'appelaient et les cris de fureur des peuples; il crut
sentir la terre de France craquer et se fendre sous ses pieds; sa vue faible et
fatigué e se troubla, sa tê te malade fut saisie d'un vertige qui refoula le sang
vers son cœ ur.

«Richelieu! cria-t-il d'une voix é touffé e en agitant une sonnette; qu'on
appelle le Cardinal!»

Et il tomba é vanoui dans un fauteuil.

Lorsque le Roi ouvrit les yeux, ranimé par les odeurs fortes et les sels
qu'on lui mit sur les lè vres et les tempes, il vit un instant des pages, qui se
retirè rent sitô t qu'il eut entrouvert ses paupiè res, et se retrouva seul avec le
Cardinal. L'impassible ministre avait fait poser sa chaise longue contre le
fauteuil du Roi, comme le siè ge d'un mé decin prè s du lit de son malade, et
û xait ses yeux é tince-lants et scrutateurs sur le visage pâ le de Louis. Sitô t
qu'il put l'entendre, il reprit d'une voix sombre son terrible dialogue: «Vous
m'avez appelé, dit-il, que me voulez-vous?»

Louis, renversé sur l'oreiller, entrouvrit les yeux et le regarda, puis se
hâ ta de les refermer. Cette tê te dé charné e, orné e de deux yeux flamboyants
et terminé e par une barbe aiguë et blanchâ tre, cette calotte et ces vê tements
de la couleur du sang et des flammes, tout lui repré sentait un esprit
infernal. «Ré gnez, dit-il d'une voix faible.

— Mais... me livrez-vous Cinq-Mars et de Thou? poursuivit l'implac-
able ministre en s'approchant pour lire dans les yeux é teints du prince,
comme un avide hé ritier poursuit jusque dans la tombe les derniè res lueurs
de la volonté d'un mourant.

— Ré gnez, ré pé ta le Roi en dé tournant la tê te.

— Signez donc, reprit Richelieu; ce papier porte: «Ceci est ma volonté
de les prendre morts ou vifs~.
»

Louis, toujours la tê te renversé e sur le dossier du fauteuil, laissa tomber
sa main sur le papier fatal et signa. «Laissez-moi, par pitié! Je meurs! dit-il.

— Ce n'est pas tout encore, continua celui qu'on appelle le grand
politique; je ne suis pas sû r de vous; il me faut doré navant des garanties et
des gages. Signez encore ceci, et je vous quitte:

«Quand le Roi ira voir le Cardinal, les gardes de celui-ci ne quitteront
pas les armes; et quand le Cardinal ira chez le Roi, ses gardes partageront
le poste avec ceux de Sa Majesté.
»


De plus:

«Sa Majesté s'engage à remettre les deux Princes ses fils en otages
entre les mains du Cardinal, comme garantie de la bonne foi de son
attachement.»

— Mes enfants! s'é cria Louis, relevant sa tê te, vous osez....

— Aimez-vous mieux que je me retire?» dit Richelieu.
Le Roi signa*.

ALFRED DE VIGNY. Cinq-Mars (1826).

Примечания:

\. В греческой мифологии богини мщения, обитательницы Аида. 2. Vivants.

Вопросы:

* Par quels moyens s'exprime le contraste entre la faiblesse tout humaine du roi et
l'inflexible rigueur du cardinal?
Ce contraste, un peu appuyé, ne force-t-il pas la vé rité
historique?

LOUIS XIV, PROTECTEUR DES SCIENCES
ET DES LETTRES (1638-1715)

De mê me qu'il y a eu un siè cle de Pé riclè s et un siè cle d'Auguste, il y a un
«siè cle de Louis XIV». C'est-à -dire une é poque (le lumiè re, où les lettres et les
arts, proté gé s par un souverain fastueux, connurent une exceptionnelle pro-
spé rité.

Sans doute des guerres inutiles et, à l'i-nté rieur du royaume, une grande misè re
vinrent-elles assombrir les derniè res anné es d'un rè gne jusqu'alors é clatant.
Mais comment oublier tout ce que le «Roi-Soleil» fit pour les savants, les
é crivains, les artistes, les voyageurs mê me, ainsi que le rappelle avec fougue
Voltaire dans sa cé lè bre lettre à Milord Hervey alors Garde des Sceaux
d'Angleterre?

Louis XIV songeait à tout; il proté geait les Acadé mies et distinguait
.ceux qui se signalaient. Il ne prodiguait point ses faveurs à un genre de
mé rite à l'exclusion des autres, comme tant de princes qui favorisent non ce
qui est bon, mais ce qui leur plaî t; la physique et l'é tude de l'Antiquité
attirè rent son attention. Elle ne se ralentit pas mê me dans les guerres qu'il
soutenait contre l'Europe; car en bâ tissant trois cents citadelles, en faisant
marcher quatre cent mille soldats, il faisait é lever l'Observatoire et tracer


une mé ridienne d'un bout du royaume à l'autre, ouvrage unique dans le
monde. Il faisait imprimer dans son palais les traductions des bons auteurs
grecs et latins; il envoyait des gé omè tres et des physiciens au fond de
l'Afrique et de l'Amé rique chercher de nouvelles connaissances. Songez,
milord. que, sans le voyage et les expé riences de ceux qu'il envoya
à Cayenne1 en 1672, et sans les mesures de M. Picard2 jamais Newton" '
n'eû t fait ses dé couvertes sur l'attraction. Regardez, je vous prie, un
Cassini et un Huygens" qui renoncent tous deux à leur patrie, qu'ils
honorent, pour venir en France jouir de l'estime et des bienfaits de Louis
XIV. Et pensez-vous que les Anglais mê me ne lui aient pas d'obligation!
Dites-moi, je vous prie, dans quelle cour Charles II6 puisa tant de politesse
et tant de goû t? Les bons auteurs de Louis XIV n'ont-ils pas é té vos
modè les?.N'est-ce pas d'eux que votre sage Addison7 l'homme de votre
nation qui avait le goû t le plus sû r, a tiré souvent ses excellentes critiques?
L'é voque Burnet8 avoue que ce goû t, acquis en France par les courtisans de
Charles II, ré forma chez vous jusqu'à la chaire, malgré la diffé rence de nos
religions. Tant la saine raison a partout d'empire! Dites-moi si les bons
livres de ce temps n'ont pas servi à l'é ducation de tous les princes de
l'empire. Dans quelles cours de l'Allemagne n'a-t-on pas vu de thé â tres
franç ais? Quel prince ne tâ chait pas d'imiter Louis XIV? Quelle nation ne
suivait pas alors les modes de la France? (...)

Enfin la langue franç aise, mi-lord, est devenue presque la langue
universelle. A qui en est-on redevable? é tait-elle aussi é tendue du temps de
Henri IV? Non, sans doute; on ne connaissait que l'italien et l'espagnol. Ce
sont nos excellents é crivains qui ont fait ce changement. Mais qui
a proté gé, employé, encouragé ces excellents é crivains? C'é tait M.
Colberf10, me direz-vous; je l'avoue, et je pré tends bien que le ministre doit
partager la gloire du maî tre. Mais qu'eut fait un Colbert sous un autre
prince? sous votre roi Guillaume1 ' qui n'aimait rien, sous le roi d'Espagne
Charles II12 sous tant d'autres souverains*? Croiriez-vous bien, milord, que
Louis XIV a ré formé le goû t de sa cour en plus d'un genre? il choisit Lulli13
pour son musicien, et ô ta le privilè ge à Cambert14, parce que Cambert é tait
un homme mé diocre, et Luili un homme supé rieur. Il savait distinguer
l'esprit du gé nie; il donnait à Quinault'5 les sujets de ses opé ras; il dirigeait
les peintures de Lebrun16; il soutenait Boileau, Racine et Moliè re contre
leurs ennemis; il encourageait les arts utiles comme les beaux-arts
et toujours en connaissance de cause; il prê tait de l'argent à Van Robais17
pour é tablir ses manufactures; il avanç ait des millions à la Compagnie des
Indes, qu'il avait formé e; il donnait des pensions aux savants et aux braves


officiers. Non seulement il s'est fait de grandes choses sous son rè gne, mais
c'est lui qui les faisait. Souffrez donc, milord, que je tâ che d'é lever à sa
gloire un monument que je consacre encore plus à l'utilité du genre
humain" **.

VOLTAIRE. Lettre à Milord Hervey (1740).
Примечания:

1. Порт во Французской Гвиане (Южная Америка), а также одно из названий этой
колонии. 2. Пикар, Жан (1620 - 1682) — французский астроном, первым с достаточ-
ной точностью провел измерения дуги меридиана. 3. Ньютон, Исаак (1642 - 1727) —
знаменитый английский математик, астроном и физик. 4. Кассини, Жан Доминик
(Джованни Доминико) (1625 - 1712) — астроном, геодезист, картограф, родился в
Италии, работал в Париже. Первый директор Парижской Обсерватории. 5. Гюйгенс,
Христиан (1629-1695) — голландский физик и астроном, в 1665 - 1681 гг. работал
в Париже. 6. Карл II, (1630 - 1685) — английский король, сын казненного короля Кар-
ла I, был приглашен на английский трон в 1660 г. после смерти Кромвеля, до этого
жил в изгнании. 7. Аддисон, Джозеф (1672 - 1719) — английский государственный
деятель и писатель. 8. Вернет, Джозеф (1643 - 1715) — епископ Солсбери, историк.
9. Вплоть до церковного красноречия. 10. Кольбер, Жан Батист (1619 - 1683) —
знаменитый министр Людовика XIV, генеральный контролер финансов. 11. Виль-
гельм III Оранский (1650 - 1702) — штатгальтер Голландии, в 1689 г. призван на анг-
лийский трон после свержения династии Стюартов. 12. Карлос II, король Испании,
правил с 1665 по 1700 г., последний представитель династии Габсбургов. После его
смерти началась война за " испанское наследство". 13. Люлли, Жан Батист (Джованни
Баттиста Лулли, 1623 - 1687) — французский композитор. Родился в Италии, с 1646 г.
жил во Франции. С 1662 г. музыкальный суперинтендант короля. Автор " Психеи".
" Армиды" и др. 14. Камбер, Робер (1628 - 1687) — французский композитор, музы-
кальный суперинтендант Анны Австрийской. В 1669 г. получил от Людовика XIV
привилегию на открытие музыкального театра. В 1672 г. привилегия была передана
Люлли. 15. Французский поэт Кино (1635 - 1688), автор либретто опер Люлли.
16. Лебрен, Шарль (1619 - 1690) — французский художник, основатель Академии
живописи и скульптуры. По его эскизам выполнены многочисленные декоративные
украшения в Лувре, Версале и др. 17. Владелец знаменитых текстильных мануфактур.

Вопросы:

*Се paragraphe ne fait-il pas apparaî tre une sorte de chaleur, d'enthousiasme
patriotique, qu'on n'attendrait guè re d'un é crivain souvent si hostile à l'Ancien Ré gime?

**D'aprè s cette leltre., commentez, l'affirmation de Voltaire " C'est encore plus d'un
grand roi que j'é cris l'histoire.".


ORIGINE DE «LA MARSEILLAISE (1792)»

Tout le monde connaî t les principaux hymnes ré volutionnaires: le Ç a ira,
la Carmagnole, le Chant du Dé part. Mais, malgré leur succè s populaire, aucun
d'eux ne devait rencontrer la prodigieuse fortune de La Marseillaise, hymne de
liberté, qui allait, plus tard, devenir l'hymne national des Franç ais.

Il y avait alors un jeune officier d'artillerie en garnison à Strasbourg.
Son nom é tait Rouget de Lisie. Il é tait né à Lons-le-Saunier, dans le Jura,
pays de rê verie et d'é nergie, comme le sont toujours les montagnes. Ce
jeune homme aimait la guerre comme soldat, la Ré volution comme
penseur. Recherché pour son double talent de musicien et de poè te, il
fré quentait ré guliè rement la maison de Dietrich, patriote alsacien, maire de
Strasbourg; la femme et les jeunes filles de Dietrich partageaient
l'enthousiasme du patriotisme et. de la Ré volution, qui palpitait surtout aux
frontiè res, comme les crispations du corps menacé sont plus sensibles aux
extré mité s. Elles aimaient le jeune officier, elles inspiraient son cœ ur, sa
poé sie, sa musique. Elles exé cutaient les premiè res ses pensé es à peine
é closes, confidentes des balbutiements de son gé nie.

C'é tait l'hiver de 1792. La disette ré gnait à Strasbourg. La maison de
Dietrich é tait pauvre, sa table frugale, mais hospitaliè re pour Rouget de
Lisie. Le jeune officier s'y asseyait le soir et le matin comme un fils ou un
frè re de la famille. Un jour qu'il n'y avait eu que du pain de munition' et
quelques tranches de jambon fumé sur la table, Dietrich regarda de Lisie
avec une sé ré nité triste et lui dit: «L'abondance manque à nos festins; mais
qu'importé, si l'enthousiasme ne manque à nos fê tes civiques et le courage
aux cœ urs de nos soldats! J'ai encore une derniè re bouteille de vin dans
mon cellier. Qu'on l'apporte, dit-il à une de ses filles, et buvons-la à la
liberté et à la patrie. Strasbourg doit avoir bientô t une cé ré monie
patriotique, il faut que de Lisie puise dans ces derniè res gouttes un de ces
hymnes qui portent dans l'â me du peuple l'ivresse d'où il a jailli.» Les
jeunes filles applaudirent, apportè rent le vin, remplirent le verre de leur
vieux pè re et du jeune officier jusqu'à ce que la liqueur fû t é puisé e.

Il é tait minuit. La nuit é tait froide. De Lisie é tait rê veur; son cœ ur é tait
é mu, sa tê te é chauffé e. Le froid le saisit, il rentra chancelant dans sa
chambre solitaire, chercha lentement l'inspiration, tantô t dans les
palpitations de son â me de citoyen, tantô t sur le clavier de son instrument
d'artiste, composant tantô t l'air avant les paroles, tantô t les paroles avant
l'air, et les associant tellement dans sa pensé e qu'il ne pouvait savoir lui-


mê me lequel, de la note ou du vers, é tait né le premier, et qu'il é tait
impossible de sé parer la poé sie de la musique et le sentiment de
l'expression. Il chantait tout et n'é crivait rien*.

Accablé de cette inspiration sublime, il s'endormit la tê te sur son
instrument et ne se ré veilla qu'au jour. Les chants de la nuit lui remontè rent
avec peine dans la mé moire comme les impressions d'un rê ve. Il les é crivit,
les nota et courut chez Dietrich. Il le trouva dans son jardin, bê chant de ses
propres mains des laitues2 d'hiver. La femme et les filles du vieux patriote
n'é taient pas encore levé es. Dietrich les é veilla, appela quelques amis, tous
passionné s comme lui pour la musique et capables d'exé cuter la
composition de de Lisie. La fille aî né e de Dietrich accompagnait. Rouget
chanta. A la premiè re strophe, les visages pâ lirent, à la seconde les larmes
coulè rent, aux derniè res le dé lire de l'enthousiasme é clata. La femme de
Dietrich, ses filles, le pè re, le jeune officier se jetè rent en pleurant dans les
bras les uns des autres. L'hymne de la patrie é tait trouvé; hé las, il devait
ê tre aussi l'hymne de la Terreur3 L'infortuné Dietrich marcha peu de mois
aprè s à l'é chafaud, au son de ces notes né es à son foyer, du cœ ur de son
ami et de la voix de ses filles.

Le nouveau chant, exé cuté quelques jours aprè s à Strasbourg, vola de
ville en ville sur tous les orchestres populaires. Marseille l'adopta pour ê tre
chanté au commencement et à la fin des sé ances de ses clubs. Les
Marseillais le ré pandirent en France en le chantant sur leur route4. De là lui
vient le nom de Marseillaise. La vieille mè re de Lisie, royaliste et
religieuse, é pouvanté e du retentissement de la voix de son fils, lui é crivait:
«Qu'est-ce donc que cet hymne ré volutionnaire que chante une horde" de
brigands qui traverse la France et auquel on mê le notre nom?» De Lisie lui-
mê me, proscrit en qualité de royaliste, l'entendit, en frissonnant, retentir
comme une menace de mort à ses oreilles en fuyant dans les sentiers des
Hautes-Alpes. «Comment appelle-t-on cet hymne? demanda-t-il à son
guide. — La Marseillaise», lui ré pondit le paysan. C'est ainsi qu'il apprit le
nom de son propre ouvrage. Il é tait poursuivi par l'enthousiasme qu'il avait
semé derriè re lui**.

LAMARTINE. Histoire des Girondins (1857).
Примечания:

1. Солдатский порционный хлеб. 2. Латук, сорт салата. 3. Имеется в виду период
якобинского террора после падения жирондистов (май 1793 г.) до термидорианского
переворота и казни Робеспьера (июль 1794 г.) 4. Они шли к северо-восточной границе
Франции. 5. Орда.


Вопросы:

* Cette jorme d" inspiration n'est-elle pas dé jà toute iamartirienne?
** Quelle est l'attitude de Lamartine à l'é gard de la Ré volution, telle qu'on peut
l'imaginer d'aprè s cette page?


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