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Madame Geoffrin






Le mé rite de Madame Geoffrin (1699-1777) qui tint, faubourg Saint-Honoré, un
des -plus brillants salons du XVIIIe siè cle, et qui y exerç a son influence sur une
foule d'é crivains, d'artistes et d'hommes d'É tat, Louis GILLET semble l'avoir dé celé
de l'œ il le plus perspicace: elle savait en vraie «femme de chez, nous» se montrer
é galement aimable envers tous, quelle que fû t l'origine sociale de ses hô tes...

Comment gouvernait-elle cette ingouvernable engeance1 de fortes tê tes
et de philosophes, ces amours-propres sans raison, cette race irritable des
poè tes? Elle n'a point dit son secret, mais on peut le deviner...: ce fut par
l'admirable é quilibre d'humeur, et surtout par un tact, un vrai gé nie de
femme. Tous les objets qui l'entouraient, une cassolette2 de Gouthiè re, la
pendule de la cheminé e, les meubles, le service de table, pré sent de Marie-
Thé rè se té moignent d'un mê me effort, d'une pensé e occupé e uniquement
d'un mê me objet: honorer l'esprit, assurer au talent un rang et une
conditiondignes de lui dans le monde, lui donner droit de bourgeoisie dans
la socié té. Faire rencontrer à sa table grands seigneurs et gens de lettres, les
amener à converser sur le pied d'é galité, humaniser l'orgueil du sang,
adoucir l'â pre fierté du gé nie roturier4, donner à tous des habitudes
communes et un terrain d'entente, dé gourdir les uns de leur morgue5, retirer
les autres de la bohè me, organiser chez soi une ré publique des é lites, les
é tats gé né raux de toutes les valeurs, c'é tait une grande pensé e et ce n'est
pas la faute de Mme Geoffrin si elle n'y a pas complè tement ré ussi. Il n'y
fallait pas moins que Minerve elle-mê me ou que le Saint-Esprit. Horace
Walpole6 l'invoqua sur le mode lyrique: «O Bon Sens!» comme Renan plus
tard dé die sa litanie à la dé esse de l'Acropole.

Au fond, la bonne dame du faubourg Saint-Honoré fut une Franç aise
excellente. Elle û t ce que veut toute femme de chez nous: ê tre une bonne
maî tresse de maison. Elle ré gna par des qualité s de bonne mé nagè re. Sans
beauté, sans talents exceptionnels, sans situation particuliè re ni aucune
qualité romanesque, elle sut bien ce qu'elle voulait et ce qu'il faut pour
mettre la paix entre les hommes: tâ che qui exige l'oubli de soi, la patience,
le jugement, peut-ê tre plus de cœ ur que d'esprit, et dont elle nous livre le
secret quand elle nous dit: «Soyons aimables*».

Louis GILLET. Les Grands Salons litté raires au M'usé e Carnavalet (1928).

Примечания:

1. Букв, отродье, здесь: сборище, собрание. 2. Курильница, ваза для возжигания
благовоний. 3. Мария Терезия (1717 - 1780), австрийская императрица, мать Марии


Антуанетты. 4. Недворянского происхождения. 5. Высокомерие, чванен
6. Уолпол Хорас (1717 - 1797), английский писатель, автор " готических" романов.

Вопросы:

* Montrez,, d'aprè s ce texte, le rô le joué par les salons, au XVIII * siè cle, dans
pré paration d'une
ré volution sociale.


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