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Romancier inclassable
Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a é té é crit à seize ans; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L'œ uvre romanesque a traversé tous les â ges de l'é crivain, toutes les modes et tous les courants litté raires de son temps, sans jamais se confondre totalement avec aucun; en effet, allant au delà de la parodie, Hugo utilise les techniques du roman populaire en les amplifiant et subvertit les genres en les dé passant70: si Han d'Islande, en 1823, Bug-Jargal, publié en 1826, ou Notre-Dame de Paris, en 1831, ressemblent aux romans historiques en vogue au dé but du XIXe siè cle ils en dé passent le cadre; Hugo n'est pas Walter Scott et, chez lui, le roman se dé veloppe vers l'é popé e et le grandiosenote 10. Cosette, illustration pour Les Misé rables par É mile Bayard. Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 engagent une ré flexion directement sociale, mais ils ne sont pas plus aisé s à dé finir71. Pour Hugo lui-mê me, il faut distinguer «romans de faits et romans d'analyse». Ces deux derniers sont des romans à la fois historiques et sociaux, mais sont surtout des romans engagé s dans un combat – l'abolition de la peine de mort – qui dé passe de loin le cadre de la fiction. On peut en dire autant des Misé rables, qui paraî t en 1862, en pleine pé riode ré aliste, mais qui lui emprunte peu de caracté ristiques72. Ce succè s populaire phé nomé nal embarrasse d'ailleurs la critique, car il louvoie constamment entre mé lodrame populaire, tableau ré aliste et essai didactique73. De la mê me faç on, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l'esthé tique romantique du dé but du siè cle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante74. Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concré tisation romanesque d'un vieux thè me hugolien: le rô le fondateur de la Ré volution franç aise dans la conscience litté raire, politique, sociale et morale du XIXe siè cle. Il mê le alors la fiction et l'histoire, sans que l'é criture ne marque de frontiè re entre les narrations75. Œ uvre de combat Le roman hugolien n'est pas un «divertissement»: pour lui l'art doit en mê me temps instruire et plairenote 11 et le roman est presque toujours au service du dé bat d'idé es. Cette constante traverse les romans abolitionnistes de sa jeunesse, elle se poursuit, dans sa maturité, au travers de ses nombreuses digressions sur la misè re maté rielle et morale dans Les Misé rablesnote 12. Poè te ou romancier, Hugo demeure le dramaturge de la fatalité 76 et ses hé ros sont, comme les hé ros de tragé die, aux prises avec les contraintes exté rieures et une implacable fatalité; tantô t imputable à la socié té (Jean Valjean; Claude Gueux; le hé ros du Dernier jour d'un condamné), tantô t à l'Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). Le goû t de l'é popé e, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Socié té, de la fatalité, n'a jamais quitté Hugo77; l'é crivain a toujours trouvé son public, sans jamais cé der aux caprices de la mode, et personne ne s'é tonne qu'il ait pu devenir un classique de son vivant78.
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