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Jean de la Fontaine 7 страница







оживить драму, внес в нее некий революционный элемент.

Должна была наступить эпоха романтизма, чтобы театр обрел
нашей литературе свое традиционное значение. Представители моло
дого романтического направления опубликовали шумные манифесты
такие как " Расин и Шекспир" Стендаля (1823) и " Предисловие к
" Кромвелю" Виктора Гюго (1827). Происходили знаменитые " сраже-
ния" зрителей, самое известное из которых случилось на премьере
" Эрнани" (1830). Но известно, сколь эфемерен был триумф романти
ческих новаторов: в 1843 г. " Бургграфы" ' с шумом провалились, меж
тем как неоклассицистическая " Лукреция" Понсара была вознесена до
небес и публикой, и критиками...

Дата эта исключительно важна, так как определяет своего рода
развод между большими писателями и театром, который на протяже-
нии нескольких поколений стал сферой деятельности профессионалов
второго сорта. И разделение это кончилось, только когда великий поэт
Поль Клодель стал создавать пьесы, в которых дыхание поэзии смело
мелкие ухищрения, присущие драматургам-ремесленникам. После
него Жюль Ромен, Жироду, Мориак, Монтерлан, Сартр. Камю сумели
доказать, что во Франции есть еще место театру, где ставят пьесы по-
настоящему глубокие, прекрасно сделанные и мастерски написанные.

Нельзя было бы представить историю современного театра, не oт-
метив воздействия, которое оказывают великие режиссеры на драма-
тургов.

Мелочный реализм Антуана вызвал реакцию Жака Копо, директо-
ра театра " Старая голубятня" (Vieux-Colombier). Его усилия в созда-
нии новой эстетики, где сценическое оформление будет скорей под-
сказывать, внушать, чем навязывать, родственны исканиям Стани-
славского в России, Рейнхардта в Германии, Гранвилла Баркера в
Англии. Режиссеры " Картеля" (Жуве, Дюллен, Бати, Питоеф) под-
хватили эту традицию, и такие авторы как Жюль Ромен и Жироду ра-
ботали в тесном сотрудничестве с ними. Сейчас намечается обратная
реакция, некая разновидность идеологического реализма, который
пока еще не сумел вполне эффективно проявиться.


LE JEU D'ADAM (FIN DU XIIe SIÈ CLE)

C'EST un des plus anciens monuments de l'art dramatique franç ais. É crit en
langue vulgaire, à la diffé rence des drames liturgiques (é crits, eux, en latin), il
comprend trois parties: la chute d'Adam et Eve, l'assassinat d'Abel par Caï n,
l'annonce -par les -prophè tes de la venue du Messie. On trouvera ici la scè ne
de la tentation d'Eve -par le Malin.

EVE ET LE DIABLE (Scè ne mise en franç ais moderne.)

LE DIABLE. — Eve, je suis venu te trouver.

EVE. —Toi, Satan? Pourquoi, dis-moi?

LE DIABLE. — Je vais cherchant ton profit, ton honneur.

EVE. —Puisse Dieu me les donner!

LE DIABLE. — N'aie pas peur. Il y a longtemps que je sais tous les
secrets du Paradis. Une partie je t'en dirai.

EVE. — Hé bien, commence, et j'é couterai.

LE DIABLE. —Tu m'é couteras?

eve. — Oui, certes, en rien je ne te fâ cherai.

LE DIABLE. — Me garderas-tu le secret?

EVE. — Oui, par ma foi.

LE DIABLE. —Une sera pas ré vé lé?

EVE. —Non, pas par moi.

LE diabi E. — Hé bien, je me fierai à toi. Je ne veux pas de toi d'autre
garantie.

EVE. — Tu peux te fier à ma parole.

LE DIABLE. — Tu as é té à bonne é cole. J'ai vu Adam, mais il é tait bien
sot.

EVE. — II est un peu grossier.

LE DIABLE. — II s'amollira. Il est plus grossier que l'enfer.

EVE. — C'est un homme libre.

LE DIABLE. — Non, c'est un vé ritable esclave. Il ne veut pas prendre
soin de ses inté rê ts. Qu'il prenne au moins soin des tiens. Tu es faiblette et
tendre chose; tu es plus fraî che que n'est rosé, tu es plus blanche que
cristal, que neige qui tombe sur glace en la vallé e. C'est un mauvais couple
qu'a fait de vous le Cré ateur. Tu es si tendre et lui si grossier! Cependant tu


es plus sage; en grande sagesse tu as mis ton cœ ur; aussi fait-il bon
s'adresser à toi. Je veux te parler.

EVE. — Aie confiance.

LE DIABLE. — Que personne ne le sache.

EVE. — Qui pourrait le savoir?

LE DIABLE. — Pas mê me Adam...

EVE. — Non certes, pas par moi.

LE DIABLE. — Hé bien, je te le dirai. Toi, é coute-moi. D n'y a que nous
deux sur ce chemin. Adam est là -bas, il ne nous entend pas.

EVE. — Parle tout haut: il n'en saura pas un mot.

LE DIABLE. — Je vous avertis d'un grand piè ge qui vous est tendu dans
ce jardin. Le fruit que Dieu vous a donné n'a guè re de qualité; celui qu'il
vous a tant dé fendu a grande vertu. En lui est grâ ce de la vie, de la
puissance, de la seigneurie, de toute science, du bien comme du mal.

EVE. — Quel goû t a-t-il?

LE DIABLE. — Cé leste. A ton beau corps, à ton visage, conviendrait un
sort tel qu'il te ferait reine de l'univers, du ciel et de l'enfer, et que tu
pourrais ê tre maî tresse de tout au monde.

EVE. — Le fruit est tel?

LE DIABLE. — Oui, en vé rité.

EVE. — (Alors Eve regardera attentivement le fruit dé fendu, disant
aprè s l'avoir longtemps regardé
. ') Sa seule vue me fait du bien.

LE DIABLE. — Alors, si tu le manges, quelle sera ta puissance!

EVE. — Qu'est-ce que j'en sais?

LE DIABLE. — Tu ne me croiras donc pas? Prends-le d'abord, puis
à Adam le donne. Du ciel vous aurez l'é ternelle couronne. Au Cré ateur
vous serez pareils. Il ne pourra vous cacher son secret. Quand vous aurez
mangé du fruit, à jamais le cœ ur vous sera changé. Avec Dieu vous serez,
sans dé faillance. Vous aurez mê me bonté, mê me puissance. Goû te au fruit.

EVE. — Je n'ose.

LE DIABLE. — Ne crois pas Adam.

EVE. — Soit, je le ferai.

LE DIABLE. — Quand?

EVE. — Attends qu'Adam soit à l'é cart.

LE DIABLE. — Mange-le. N'aie crainte. Tarder serait un enfantillage*.


Вопросы:

* Trouvez-vous dans cette scè ne les premiers é lé ments d'une é tude psychologique de la
tentation... et de la femme f

CORNEILLE (1606-1684)

AVANT que la rigueur classique eû t dé finitivement sé paré le genre tragique et
le genre comique, CORNEILLE sut briller dans les deux à la fois et mê me, avec
Le Cid (1636), cré er cette tragi-comé die que, beaucoup plus tard, les Roman-
tiques, enivré s de Shakespeare, rê veront en vain de ré aliser. C'est que le gé nie
corné lien est un gé nie complet, capable de s'adapter à toutes les exigences du

thé â tre.

La scè ne que nous empruntons à Polyeucte (1643) prouve, pré cisé ment, que
Corneille n'est pas seulement un poè te du sublime, mais qu'il sait ê tre aussi un
peintre de l'amour.D'un amour, il est vrai, toutinspiré de l'idé al pré cieux, c'est-
à -dire fondé essentiellement sur l'estime, ou mê me sur l'admiration.

POLYEUCTE (1643)

Pauline, marié e contre son gré à Polyeucte. est resté e é prise de Sé vè re. Celui-ci, qui
s'est couvert de gloire sur les champs de bataille, vient' lui rendre visite dans l'espoir de
reconqué rir celle que, ie son cô té, il n'a jamais cessé d'aimer.

PAULINE

Oui, je l1 aime, seigneur, et n'en fais point d'excuse;
Que tout autre que moi vous flatte et vous abuse,
Pauline a l'â me noble et parle à cœ ur ouvert.
Le bruit de votre mort3 n'est point ce qui vous perd;
Si le Ciel en mon choix eû t mis mon hymé né e,
A vos seules vertus je me serais donné e,
Et toute la rigueur de votre premier sort4
Contre votre mé rite eû t fait un vain effort.
Je dé couvrais en vous d'assez illustres marques5
Pour vous pré fé rer mê me aux plus heureux monarques;
Mais puisque mon devoir m'imposait d'autres lois,
De quelque amant pour moi que mon pè re eû t fait choix,
Quand à ce grand pouvoir que la valeur vous donne
Vous auriez ajouté l'é clat d'une couronne,
Quand je vous aurais vu, quand je l'aurais haï,


J'en aurais soupiré, mais j'aurais obé i,

Et sur mes passions ma raison souveraine*

Eû t blâ mé mes soupirs et dissipé ma haine.

SÉ VÈ RE

Que vous ê tes heureuse, et qu'un peu de soupirs
Fait un aisé remè de à tous vos dé plaisirs!
Ainsi de vos dé sirs toujours reine7 absolue,
Les plus grands changements vous trouvent ré solue;
De la plus forte ardeur8 vous portez vos esprits
Jusqu'à l'indiffé rence et peut-ê tre au mé pris;
Et votre fermeté fait succé der sans peine
La faveur au dé dain, et l'amour à la haine.

Qu'un peu de votre humeur ou de votre vertu9
Soulagerait les maux de ce10 cœ ur abattu!
Un soupir, une larme à regret é pandue

M'aurait dé jà gué ri de vous avoir perdue;

Ma raison pourrait tout sur l'amour affaibli

Et de l'indiffé rence irait jusqu'à l'oubli;

Et mon feu" dé sormais se ré glant sur le vô tre,

Je me tiendrais heureux entre les bras d'une autre.

О trop aimable12 objet, qui m'avez trop charmé,

Est-ce là comme on aime, et m'avez-vous aimé?

PAULINE

Je vous l'ai trop fait voir, seigneur; et si mon â me
Pouvait bien é touffer les restes de sa flamme,
Dieux, que j'é viterais de rigoureux tourments13!
Ma raison, il est vrai, dompte mes sentiments;
Mais quelque autorité que sur eux elle ait prise,
Elle n'y rè gne pas, elle les tyrannise14;
Et quoique le dehors soit sans é motion,
Le dedans n'est que trouble et que sé dition.
Un je ne sais quel charme encor vers vous m'emporte**
Votre mé rite est grand, si ma raison est forte:
Je le vois, encor tel qu'il alluma mes feux,
D'autant plus puissamment solliciter mes vœ ux
Qu'il est environné de puissance et de gloire,
Qu'en tous lieux aprè s vous il traî ne la victoire,


Que j'en sais mieux le prix, et qu'il n'a point dé ç u
Le gé né reux15 espoir que j'en16 avais conç u.
Mais ce mê me devoir qui le vainquit dans Rome,
Et qui me range ici dessous17 les lois d'un homme,
Repousse encor si bien l'effort de tant d'appas18
Qu'il dé chire mon â me et ne l'é branlé pas.
C'est cette vertu mê me, à nos dé sirs cruelle,
Que vous louiez alors en blasphé mant contre elle:
Plaignez-vous-en encor; mais louez sa rigueur,
Qui triomphe à la fois de vous et de mon cœ ur;
Et voyez qu'un devoir moins ferme et moins sincè re •
N'aurait pas mé rité l'amour du grand Sé vè re***.

SÉ VÈ RE

Ah! madame, excusez une aveugle douleur,
Qui ne connaî t plus rien que l'excè s du malheur:
Je nommais inconstance et prenais pour un crime
De ce juste devoir l'effort le plus sublime.
De grâ ce, montrez moins à mes sens dé solé s
La grandeur de ma perte et ce que vous valez;
Et, cachant par pitié cette vertu si rare,
Qui redouble mes feux lorsqu'elle nous sé pare,
Faites voir des dé fauts qui puissent à leur tour
Affaiblir ma douleur avecque19 mon amour.

PAULINE

Hé las! cette vertu, quoique enfin" invincible,
Ne laisse que trop voir une â me trop sensible.
Ces pleurs en sont té moins, et ces lâ ches soupirs
Qu'arrachent de nos feux les cruels souvenirs:
Trop rigoureux effets d'une aimable pré sence
Contre qui mon devoir a trop peu de dé fense!
Mais si vous estimez ce vertueux devoir,
Conservez-m'en la gloire, et cessez de me voir;
É pargnez-moi des pleurs qui coulent à ma honte:
É pargnez-moi des feux qu'à regret je surmonte;
Enfin é pargnez-moi ces tristes entretiens,
Qui ne font qu'irriter21 vos tourments et les miens.


SÉ VÈ RE
Que je me prive ainsi du seul bien qui me reste!

PAULINE
Sauvez-vous d'une vue à tous les deux funeste.

SÉ VÈ RE
Quel prix22 de mon amour! quel fruit de mes travaux!

PAULINE
C'est le remè de seul" qui peut gué rir nos maux.

SÉ VÈ RE
Je veux mourir des miens: aimez-en la mé moire.

PAULINE
Je veux gué rir des miens: ils souilleraient ma gloire24.

SÉ VÈ RE

Ah! puisque votre gloire en prononce l'arrê t,
II faut que ma douleur cè de à son inté rê t.
Est-il rien que sur moi cette gloire n'obtienne? *
Elle me rend les soins que je dois à la mienne.
Adieu: je vais chercher au milieu des combats
Cette immortalité que donne un beau tré pas
Et remplir dignement, par une mort pompeuse",
De mes premiers exploits l'attente avantageuse26,
Si toutefois, aprè s ce coup mortel du sort,
J'ai de la vie assez pour chercher une mort.

PAULINE

Et moi, dont votre vue augmente le supplice,
Je l'é viterai mê me en votre sacrifice;
Et seule dans ma chambre, enfermant mes regrets,
Je vais pour vous aux dieux faire des vœ ux secrets.

SÉ VÈ RE

Puisse le juste Ciel, content27 de ma mine,
Comblei: d'heur28 et de jours Polyeucte et Pauline!


PAULINE

Puisse trouver Sé vè re, aprè s tant de malheur,
Une fé licité digne de sa valeur!

SÉ VÈ RE
IL la trouvait en vous.

PAULINE
Je dé pendais d'un pè re.

SÉ VÈ RE

О devoir qui me perd et qui me dé sespè re!
Adieu, trop vertueux objet29 et trop charmant****.

PAULINE
Adieu, trop malheureux et trop parfait amant*****.

Acte II, se. II.

Примечания:

1. Полиевкта. 2. Льстит, обманывая. 3. Разошелся слух о смерти Севера. 4 Север,
прежде чем прославиться на полях сражения на востоке, был беден и никому не из-
вестен. 5. Признаки, черты. 6. Полиевкта. 7. Reine se rapporte à vous, du vers suivant.
8. Любовный пыл. 9. Душевной твердости. 10. Ce cœ ur: mon cœ ur. 11 Любовь 12. На-
иболее достойный любви. 13. Жестоких мук. 14. Подчиняет насильно 15. Благород-
ную. 16. Ваше достоинство. 17. Archaï que pour sous 18 Чар, очарования. 19 Ortho-
graphe dé jà vieillie à l'é poque de Corneille. 20. Окончательно. 21. Усиливать. 22. Награ-
да. 23. Le seul remè de. 24. Мою честь. 25. Славную. 26. Возвышенную надежду, кото-
рую породили мои первые подвиги. 27. Удовлетворясь моей гибелью. 28. Счастье,
блаженство. 29. Здесь: предмет любви.

Вопросы:

* Formule toute corné lienne: en quoi?
** Pourquoi a-t-on pu dire que ce vers é tait
«raciaien»?

*** L'attitude de Pauline n'est-elle pas à rapprocher de celles de Chimè ne et de
Rodrigue, chez qui l'amour grandit à la mesure de l'é nergie manifesté e par le partenaire?
**** É tudiez le
vocabulaire pré cieux tout au long de cette scè ne.
* **** Montrez que la scè w. s'achè ve en un
duo lyrique.


MOLIÈ RE (1622-1673)

BOILEAU reprochait a l'auteur du Misanthrope d'ê tre aussi celui de\
Fourberies de Scapin. Moins é troits dans nos goû ts, nous serions plutô t tenté e
aujourd'hui d'admirer un cré ateur aussi bien doué pour la simple farce que
pour la grande comé die de caractè res, et, le cas é ché ant, assez habile poui
unir ces deux genres de comique à l'inté rieur d'une mê me piè ce...
La cé lè bre scè ne du «pauvre homme», extraite de Tartuffe, nous offre un
exemple saisissant de ce double aspect du gé nie de MOLIÈ RE, qui, tout en non-,
faisant rire par le jeu des questions et des exclamations ré pé té es d'Orgon, nou\
permet en mê me temps de saisir la stupidité d'un personnage litté ralement
possé dé.

TARTUFFE (1664-1669)

Orgon, qui est allé pendant quelques jours à la campagne, revient chez lui et s'informe
de ce qui s'est passé durant son absence. Il s'adresse à Dorme, sa servante.

ORGON

Tout s'est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte?

Qu'est-ce qu'on fait cé ans'? Comme2 est-ce qu'on s'y porte?

DORINE

Madame1 eut, avant-hier, la fiè vre jusqu'au soir,
Avec un mal de tê te é trange à concevoir.

ORGON

Et Tartuffe4?

DORINE

Tartuffe? il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille.

ORGON
Le pauvre homme!

DORINE

Le soir elle eut un grand dé goû t
Et ne put au souper toucher à rien du tout,
Tant sa douleur de tê te é tait encor cruelle.


ORGON
Et Tartuffe?

DORINE

II soupa, lui tout seul, devant elle,
Et fort dé votement il mangea deux perdrix
Avec une moitié de gigot en hachis.

ORGON
Le pauvre homme!

DORINE

La nuit se passa tout entiè re
Sans qu'elle pû t fermer un moment la paupiè re;
Des chaleurs5 l'empê chaient de pouvoir sommeiller,
Et jusqu'au jour prè s d'elle il nous fallut veiller.

ORGON
Et Tartuffe?

DORINE

Pressé d'un sommeil agré able,
II passa dans sa chambre au sortir de la table,
Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain,
Où sans trouble il dormit jusques au lendemain.

ORGON
Le pauvre homme! \

DORINE

A la fin, par nos raisons gagné e,
Elle se ré solut à souffrir la saigné e6,
Et le soulagement suivit tout aussitô t.

ORGON
Et Tartuffe?

DORINE

II reprit courage comme il faut,
Et contre tous les
maux fortifiant son â me,


Pour ré parer le sang qu'avait perdu madame,
But, à son dé jeuner, quatre grands coups de vin.

ORGON
Le pauvre homme!

DORINE

Tous deux se portent bien enfin;
Et je vais à madame annoncer par avance
La part que vous prenez à sa convalescence*.

Acte I, se. IV.
Примечания:

1. Ici. 2. Comment. 3. Эльмира, жена Оргона 4 Святоша, вторгшийся в дом Оргона
и живущий там нахлебником. 5. Приступы горячки, жар. 6. Кровопускание. В XVII в
кровопускание было широко распространенным средством чуть ли не от всех болез-
ней.

Вопросы:

* Dé finir les diffé rents é lé ments dont est fait ici le comique. Marquer, en particulier, et
les
contrastes et le rythme sur lesquels repose la scè ne.

RACINE (1639-1699)

des tragiques franç ais, RACINE est celui qui s'estavancé le plus loin dans la
connaissance du cœ ur humain. Il est aussi celui qui a su le mieux allier aux
exigences de la scè ne les charmes de la Poé sie.

Quels que soient les mé rites (TAndromaque (1667), de Britannicus (1660), de
Bê renice (1670), de Bajazet (1672), et mê me de Mithridate (1673) ou
d'iphigé nie (1674), c'est dans Phè dre (1677) que le gé nie racinien s'est é panoui
le plus complè tement. H n'est pas de tragé die, en effet, où l'amour atteigne un
pareil degré de violence, d'excè s, de dé raison: et pourtant, jusqu'en sa fureur,
il s'y exprime dans une forme d'une simplicité et d'une limpidité qui dé fient
l'analyse.

PHÈ DRE

Consumé e par la passion criminelle qu'elle porte à son beau-fils, Hippolyte, Phè dre a
dé cidé de mourir. Mais soudain, elle apprend ta mort de son mari Thé sé e, pè re d'Hippolyte.
Reprenant alors courage, elle fait venir le jeune homme pour lui avouer son amour.


PHÈ DRE, à Œ none'

Le voici. Vers mon cœ ur tout mon sang se retire.
J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire2.

ΠNONE
Souvenez-vous d'un fils qui n'espè re qu'en vous.

PHÈ DRE

On dit qu'un prompt dé part3 vous é loigne de nous,

Seigneur. A vos douleurs je viens joindre mes larmes.

Je vous viens pour un fils expliquer4 mes alarmes.

Mon fils n'a plus de pè re: et le jour n'est pas loin

Qui de ma mort encor doit le rendre té moin.

Dé jà mille ennemis5 attaquent son enfance.

Vous seul pouvez contre eux embrasser sa dé fense.

Mais un secret remords agite mes esprits6. Je crains d'avoir

fermé votre oreille à ses cris. Je tremble que sur lui votre juste

colè re Ne poursuive bientô t une odieuse mè re7.

HIPPOLYTE
Madame, je n'ai point des sentiments si bas.

PHÈ DRE

Quand vous me haï riez, je ne m'en plaindrais pas,

Seigneur. Vous m'avez vue attaché e8 à vous nuire;

Dans le fond de mon cœ ur vous ne pouviez pas lire.

A votre inimitié j'ai pris soin de m'offrir9.

Aux bords que j'habitais je n'ai pu vous souffrir.

En public, en secret, contre vous dé claré e,

J'ai voulu par des mers en10 ê tre sé paré e;

J'ai mê me dé fendu, par une expresse loi,

Qu'on osâ t prononcer votre nom devant moi.

Si pourtant à l'offense on mesure la peine,

Si la haine peut seule attirer votre haine,

Jamais femme ne fut plus digne de pitié,

Et moins digne, Seigneur, de votre inimitié.


HIPPOLYTE

Des droits de ses enfants une mè re jalouse
Pardonne rarement au fils d'une autre é pouse".
Madame, je le sais. Les soupç ons importuns12
Sont d'un second hymen11 les fruits les plus communs.
Toute autre aurait pour moi pris les mê mes ombrages14
Et j'en aurais peut-ê tre essuyé plus d'outrages.

PHÈ DRE

Ah! Seigneur, que le Ciel, j'ose ici l'attester15,
De cette loi commune a voulu m'excepter!
Qu'un soin16 bien diffé rent me trouble et me dé vore!

HIPPOLYTE

Madame, il n'est pas temps de vous troubler encore.

Peut-ê tre votre é poux voit encore le jour;

Le Ciel peut à nos pleurs accorder son retour17.

Neptune le protè ge, et ce dieu tuté laire

Ne sera pas en vain imploré par mon pè re.

PHÈ DRE

On ne voit point deux fois le rivage des morts,
Seigneur. Puisque Thé sé e a vu les sombres bords,
En vain vous espé rez qu'un dieu vous le renvoie;
Et l'avare Aché ron18 ne lâ che point sa proie.
Que dis-je? Il n'est point mort, puisqu'il respire en vous.
Toujours devant mes yeux je crois voir mon é poux.
Je le vois, je lui parle; et mon cœ ur... Je m'é gare,
Seigneur, ma folle ardeur malgré moi se dé clare.

HIPPOLYTE

Je vois de votre amour l'effet prodigieux.
Tout mort qu'il est, Thé sé e est pré sent à vos yeux;
Toujours de son amour votre â me est embrasé e.

PHÈ DRE

Oui, Prince, je languis19, je brû le pour Thé sé e.
Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,


Volage adorateur de mille objets20 divers,
Qui va du dieu des morts dé shonorer la couche21;
Mais fidè le, mais fier, et mê me un peu farouche,
Charmant, jeune, traî nant tous les cœ urs aprè s soi22,
Tel qu'on dé peint nos dieux, ou tel que je vous voi23.
Il avait votre port24, vos yeux, votre langage,
Cette noble pudeur colorait son visage
Lorsque de notre Crè te25 il traversa les flots,
Digne sujet des vœ ux des filles de Minos26.
Que faisiez-vous alors? Pourquoi, sans Hippolyte,
Des hé ros de la Grè ce assembla-t-il l'é lite?
Pourquoi, trop jeune encor, ne pû tes-vous alors
Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords?
Par vous aurait pé ri le monstre de la Crè te27
Malgré tous les dé tours de sa vaste retraite28.
Pour en dé velopper l'embarras incertain29,
Ma sœ ur30 du fil fatal31 eû t armé votre main.
Mais non, dans ce dessein je l'aurais devancé e:
L'amour m'en32 eû t d'abord33 inspiré la pensé e.
C'est moi, Prince, c'est moi dont l'utile secours
Vous eû t du Labyrinthe enseigné les dé tours,
Que de soins m'eû t coû té s cette tè te34 charmante!
Un fil n'eû t point assez rassuré votre amante35.
Compagne du pé ril qu'il vous fallait chercher,
Moi-mê me devant vous j'aurais voulu marcher;
Et Phè dre au Labyrinthe avec vous descendue
Se serait avec vous retrouvé e, ou perdue**.

HIPPOLYTE

Dieux! qu'est-ce que j'entends? Madame, oubliez-vous
Que Thé sé e est mon pè re, et qu'il est votre é poux?

PHÈ DRE

Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mé moire,
Prince? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire36?

HIPPOLYTE

Madame, pardonnez. J'avoue, en rougissant,
Que j'accusais à tort un discours innocent.


Ma honte ne peut plus soutenir votre vue;
Et je vais...

PHÈ DRE

Ah! cruel, tu m'as trop entendue37.
Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.
Hé bien! connais donc Phè dre et toute sa fureur.
J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,
Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-mê me;
Ni que du fol amour qui trouble ma raison
Ma lâ che complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances cé lestes38,
Je m'abhorre encor plus que tu ne me dé testes.
Les Dieux m'en sont té moins, ces Dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang;
Ces Dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De sé duire39 le cœ ur d'une faible mortelle.
Toi-mê me en ton esprit rappelle le passé.
C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé 40;
J'ai voulu te paraî tre odieuse, inhumaine;
Pour mieux te ré sister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité 41 mes inutiles soins?
Tu me haï ssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Tes malheurs te prê taient encor de nouveaux charmes.
J'ai langui, j'ai sé ché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire?
Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,
Je te venais prier de ne le point haï r.
Faibles projets d'un cœ ur trop plein de ce qu'il aime!
Hé las! je ne t'ai pu parler que de toi-mê me.
Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour.
Digne fils du hé ros42 qui t'a donné le jour,
Dé livre l'univers d'un monstre qui t'irrite.
La veuve de Thé sé e ose aimer Hippolyte!
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'é chapper.
Voilà mon cœ ur. C'est là que ta main doit frapper.


Impatient dé jà d'expier son offense43,
Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.
Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,
Si ta haine m'envie44 un supplice si doux,
Ou si45 d'un sang trop vil ta main serait trempé e,
Au dé faut de ton bras prê te-moi ton é pé e***.
Donne46.


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