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ActeII, se. V. 3 страница






Les Laroche avaient tout pré vu, mê me les crises, et leur maison devait y
ré sister, mais ce qu'ils n'avaient pas pré vu, c'est qu'il y aurait un jour
quelqu'un comme vous pour leur succé der!..

MÉ LANIE, se tournant vers Suzy et Marcel9.

Il a raison, vous savez! Tout ç a vient de ce que je n'ai jamais vraiment
aimé l'argent.

JÉ RÔ ME
II n'y a pas de quoi vous en vanter!

MÉ LANIE
Mais je ne m'en vante pas!


JÉ RÔ ME

Si! Vous trouviez que ç a faisait bien, que ç a faisait é lé gant!.. Oh! vous
n'ê tes pas la seule dans ce cas-là! Il y en a beaucoup comme vous! Et c'est
de ç a que la bourgeoisie est en train de crever, vous entendez? C'est d'ê tre
devenue dé pensiè re, prodigue, dé sinté ressé e! Les bourgeois ne sont pas
faits pour ç a! Ils sont faits pour ê tre avares et pour avoir de l'argent. Le jour
où ils n'en ont plus, ils sont inutiles; ils n'ont plus qu'à disparaî tre de la
circulation**!

Acte IV.

Примечания:

1. Она предложила отдать для удовлетворения кредиторов все имущество, принад-
лежавшее лично ей. 2. Одно из знаменитейших зданий в Париже. Там, в знак благо-
дарности Отечества, погребают " великих людей". 3. Удовлетворить кредиторов.
4. Заместитель директора в фирме Лароша, которому Мелани только что доверила
управление своими делами. 5. Брат Жерома, тип бескорыстного человека. 6. Девичья
фамилия Мелани. 7. Сын Мелани, страдающий тяжелым заиканием. 8. Разговорное
выражение, соответствующее русскому " горбатиться, рвать пупок", т.е надрываться
на работе. 9. Их дочь Анна замужем за Бобом Ларошем, сыном Мелани.

Вопросы:

* Que pensez-vous du cette formule? Que nous apprend-elle sur les intentions de
l'auteur?

** Relevez et é tudiez les divers é lé ments satiriques contenus dans cette seine.

ARMAND SALACROU (né en 1895)

// y avait une bonne dizaine d'anné es dé jà qu'ARMAND SALACROU, auteur de
L'Inconnue d'Arras (1935), d'Un Homme comme les autres (1936), de La Terre
est ronde (1938), s'é tait imposé au tout premier rang des é crivains de thé â tre
de sa gé né ration, quand l'idé e lui vint de porter à la scè ne le drame de la
Ré sistance franç aise.

Il le fit à sa maniè re, en bouleversant l'ordre du temps, en ressuscitant les
morts et en les mê lant aux vivants. Mais il sut trouver les mots capables
d'exprimer ce sursaut de l'honneur, qui avait dressé l'immense majorité des
Franç ais contre les forces d'occupation.


LES NUITS DE LA COLÈ RE (1946)

Jean, ré sistant traqué, est venu chercher refuge chez Bernard, un ami d'enfance. Il lui
explique ce qui l'a poussé à lutter contre l'occupant.

JEAN. — A travers l'Europe nous sommes une multitude d'hommes tout
seuls qui ne se ré signeront jamais et qui lutteront jusqu'à la mort.

BERNARD. — Eh bien, mé prise-moi, mais je dé teste l'idé e de la mort.
J'aime la vie, je veux vivre avec ma femme et mes gosses.

JEAN. — Oui, je te mé prise et ce que je mé prise le plus en toi, c'est ta
bê tise. Tu ne comprends donc pas que, tant qu'ils1 seront là, tu ne pourras
jamais vivre et que, s'ils restent là, tes enfants ne pourront pas vivre?

BERNARD. — Allons donc! On vit toujours, plus ou moins bien, voilà
tout. Et tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir2.

JEAN. — Non, dans cette nuit qui n'en unit pas, il n'y a d'espoir que dans
la lutte.

BERNARD. — Une lutte qui te conduit à la mort, tout droit.
JEAN. — Eh bien, plutô t mourir debout que vivre à genoux.

BERNARD. — Et quand tu seras mort, debout, que pourras-tu encore
espé rer?

JEAN. — Que mes enfants vivront libres. Et veux-tu me dire à quoi
ressemblerait le visage de notre pays lorsque le soleil se lè vera par-dessus
cette nuit qui nous é touffe si aucun homme de chez nous ne se ré voltait?
Quoi! attendre tous, les bras croisé s par la peur, que d'autres hommes
viennent nous dé livrer? Voilà où serait notre dé faite, cette fois dé finitive.

BERNARD. — Mon petit Jean, tu es un obsé dé de la dé faite. Nous
sommes battus, c'est entendu, mais je ne me sens pas du tout humilié, mon
vieux, chacun son tour, ils l'ont é té, nous le sommes, ils le seront.

JEAN. — Non, ceux-là sont des mots dé passé s3 je suis antinazi comme
on é tait huguenot4 contre les papistes au temps où les religions é taient
vivantes.

BERNARD. — Tu veux ressusciter les guerres de religion? au nom de
quoi?

Mais quelle est ta religion?

JEAN. —La liberté *.

BERNARD. — Tu es devenu complè tement fou.


JEAN. — Oui, j'ai cru que j'allais devenir fou; mais aprè s m'avoir
accablé, le dé sespoir m'a ré volté, la ré volte m'a uni à d'autres ré volté s et
c'est maintenant une merveilleuse camaraderie.

BERNARD. — Toi, tu veux te faire tuer pour que d'autres soient heureux
sur la terre quand tu n'y seras plus.

JEAN. — Si tu connaissais la douceur, le repos d'une camaraderie
d'hommes.

BERNARD. — Et Louise?

JEAN. — Parce que je l'aime, je veux lui é pargner cette honte d'ê tre
marié e à un homme qui accepte tout pour cette seule raison qu'il a peur.
BERNARD. — Ainsi Louise te pousse à cette aventure?
JEAN. — Nous n'en parlons jamais, mais elle pense comme moi et
lorsqu'elle saura plus tard, je sais qu'elle m'approuvera...

BERNARD. —... De risquer ta vie, la prison, le dé shonneur?
JEAN. — Le dé shonneur. (Un silence. Il reprend.) Par certains mots, par
certains silences, je sais que Louise est ma meilleure camarade de combat.

BERNARD. — De combat! Pauvre Louise! Ah! Je voudrais bien voir la
tê te de tes autres copains, ils doivent ê tre jolis.

JEAN. — Ils te dé plairaient sû rement. Tu n'as jamais beaucoup aimé les
ré volté s.

BERNARD. — C'est vrai.
JEAN. — Tu as toujours é té un conservateur.
BERNARD. — Et je m'en vante.

JEAN. — Mais conservateur de quoi? Du dé sordre social? de l'injustice?
de la misè re? du chô mage? Conservateur de l'esclavage? Moi, mê me si
j'é tais né marchand d'esclaves, j'eusse é té contre l'esclavage.

BERNARD. — Et ta charité qui eû t é té chré tienne il y a des siè cles,
aujourd'hui te pousse à jeter des bombes.

JEAN. — Quand, plus tard, tu sauras qui travaille avec nous, tu seras bien
é paté 5

BERNARD. — On coudoie6 des archevê ques dans ta bande?
JEAN. — Les archevê ques sont assez rares, mais des curé s on en trouve,
et plus que tu ne penses.

BERNARD. — Naturellement, les curé s se fourrent7 partout. Mais il y a


aussi des communistes, j'imagine?
JEAN. — On le dit.
BERNARD. — Et vous ê tes armé s?
JEAN. — Il paraî t.

bernard. — Eh bien! si les troupes allemandes devaient dé guerpir d'un
seul coup, ce serait du joli en France! Une fameuse explosion!
JEAN. —Si tu pouvais dire vrai!

bernard. — Tu es inconscient. Allé z, va te recoucher et demain
matin...

JEAN. —Je pars au soleil levant*.

IIe partie
Примечания:

1. Немецкие оккупанты. 2. Пословица. Бернар в данном случае демонстрирует
свою душевную низость. 3. Il faut comprendre: ce sont là des mots dé passé s 4. Протес-
танты-кальвинисты. Паписты — сторонники папы римского, т.е. католики. Эти пар-
тии были противниками в религиозных войнах во Франции в XVI в. 5. Поражен,
изумлен (разг.) 6. Встречаются, имеются. Litté ralement: on heurte du coude. 7. Прони-
кают, влезают (разг.)

Вопросы:

* Dans quelle mesure la liberté peut-elle devenir une religion?

** Quelles sont les diffé rentes raisons qui ont poussé Jean dans la Ré sistance?

HENRY DE MONTHERLANT (né en 1896)

il est certainement un des plus importants prosateurs que la France ait
produits depuis Chateaubriand. MONTHERLANT n'é tait encore qu'un tout jeune
homme que Romain Rolland le saluait comme «la plus grande force qui existâ t
dans les lettres franç aises».

Assez curieusement, dans la seconde partie de sa carriè re, le romancier des
Bestiaires (1926) et des Jeunes Filles (1936-1939) s'est tourné vers le thé â tre
pour y donner comme de nouveaux prolongements à son œ uvre. Mais, é crivant
pour la scè ne, il est resté fidè le à ce sens royal du grand style qui confè re à une
œ uvre telle que Le Maî tre de Santiago une place é minente dans la litté rature
dramatique de notre temps.


LE MAÎ TRE DE SANTIAGO (1945)

Vargas, Bernai, Obregon et Olmeda sont venus trouver Alvaro, Maî tre de l'Ordre de
Santiago, pour le prier d'accepter, aux Indes (c'est-à -dire en Amé rique) nouvellement
conquises par l'Espagne, un poste destiné à ré tablir sa fortune.

VARGAS. — Chré tien comme vous l'ê tes1, allez donc au bout de votre
christianisme. Il y a trois mille ans que des nations pé rissent. Trois mille
ans que des peuples tombent en esclavage... Le chré tien ne peut pas
prendre tout à fait au tragique ces malheurs-là. Si vous ê tes consé quent, il
n'y a qu'une patrie, celle que formeront les É lus.

ALVARO. — Je garde l'autre pour en souffrir.

BERNAL. — Vous condamnez votre temps comme le font les trè s vieux
hommes. Vous n'avez pas cinquante ans, et vous parlez comme si vous en
aviez quatre-vingts. Et vous exagé rez beaucoup. Si vous participiez
davantage, aux é vé nements, si vous é tiez plus informé de ce qui se passe...

ALVARO. — J'en ai assez. Chaque fois que je pointe2 la tê te hors de
macoquille, je reç ois un coup sur la tê te. L'Espagne n'est plus pour moi que
quelque chose dont je cherche à me pré server.

BERNAL. — Oui, mais à force de vous retrancher, le monde vous
apparaî t dé formé par votre vision particuliè re. Ensuite vous rejetez une
é poque, faute de la voir comme elle est.

OBREGON. — Debout sur le seuil de l'è re nouvelle, vous refusez d'entrer.

ALVARO. — Debout sur le seuil de l'è re nouvelle, je refuse d'entrer.

VARGAS. — Mettons que ce soit hé roï sme de consentir à ê tre seul, par
fidé lité à ses idé es. Ne serait-ce pas hé roï sme aussi de jouer son rô le dans
une socié té qui vous heurte, pour y faire vaincre ces idé es qui, si elles ne
s'incarnent pas, demeureront plus ou moins impuissantes?

BERNAL. — Et puis, ce qui est humainement beau, ce n'est pas de se
guindé r3, c'est de s'adapter: ce n'est pas de fuir pour ê tre vertueux tout à son
aise, c'est d'ê tre vertueux dans le siè cle, là où est la difficulté.

ALVARO. — Je suis fatigué de ce continuel divorce entre moi et tout ce
qui m'entoure. Je suis fatigué de l'indignation. J'ai soif de vivre au milieu
d'autres gens que des malins, des canailles4 et des imbé ciles. Avant, nous
é tions souillé s par l'envahisseur. Maintenant, nous sommes souillé s par
nous-mê mes; nous n'avons fait que changer de drame. Ah! pourquoi ne


suis-je pas mort à Grenade5 quand ma patrie é tait encore intacte? Pourquoi
ai-je survé cu à ma patrie? Pourquoi est-ce que je vis?

BERNAL. — Mon ami, qu'avez-vous? Vous ne nous avez jamais parlé de
la sorte.

ALVARO. — Le collier des chevaliers de Chypre é tait orné de la lettre S,
qui voulait dire: «Silence». Aujourd'hui, tout ce qu'il y a de bien dans notre
pays se tait. Il y a un Ordre du Silence: de celui-là aussi je devrais ê tre
Grand Maî tre. Pourquoi m'avoir provoqué à parler?

OLMEDA. — Faites-vous moine, don Alvaro. C'est le seul é tat qui vous
convienne dé sormais.

ALVARO. — Je ne sais en effet ce qui me retient, sinon quelque manque
de dé cision et d'é nergie.

OBREGON. — Et j'ajoute qu'il y a plus d'é lé gance, quand on se retire du
monde, à s'en retirer sans le blâ mer. Ce blâ me est des plus vulgaires!

ALVARO.— Savez-vous ce que c'est que la pureté? Le savez-vous?
(Soulevant le manteau de l'Ordre sus-pendu au mur au-dessous du
crucifix:)
Regardez notre manteau de l'Ordre: il est blanc et pur comme la
neige au-dehors. L'é pé e rouge est brodé e à l'emplacement du cœ ur, comme
si elle é tait teinte du sang de ce cœ ur. Cela veut dire que la pureté, à la fin,
est toujours blessé e, toujours tué e, qu'elle reç oit toujours le coup de lance
que reç ut le cœ ur de Jé sus sur la croix. (7/ baise le bas du manteau. Apres
un petit temps d'hé sitation, Olmeda, qui est le plus proche du manteau, en
baise lui aussi le bas.)
Oui, les valeurs nobles, à la fin, sont toujours vain-
cues; l'histoire est le ré cit de leurs dé faites renouvelé es. Seulement, il ne
faut pas que ce soit ceux mê mes qui ont pour mission de les dé fendre, qui
les minent. Quelque dé chu qu'il soit, l'Ordre est le reliquaire6 de tout ce qui
reste encore de magnanimité et d'honnê teté en Espagne. Si vous ne croyez
pas cela, dé mettez-vous-en. Si nous ne sommes pas les meilleurs, nous
n'avons pas de raison d'ê tre. Moi, mon pain est le dé goû t. Dieu m'a donné à
profusion la vertu d'é cœ urement. Cette horreur et cette lamentation qui
sont ma vie et dont je me nourris... Mais vous, pleins d'indiffé rence ou
d'indulgence pour l'ignoble, vous pactisez avec lui, vous vous faites ses
complices! Hommes de terre! Chevaliers de terre*!

Acte I se. IV.
390


Примечания:

1. Варгас обращается к Альваро. 2. Поднимаю, высовываю. 3. Важничать, пы-
житься. 4. Негодяи, сволочи. 5. Во время взятия Гранады испанцами. 6. Рака со свя-
тыми мощами. Здесь: священное хранилище.

Вопросы:

* En quoi consiste l'idé al chré tien aux yeux de don Alvarof Sa conception vousfaraî t-

ette juste? Et, si oui, suffisante?

JEAN ANOUILH (né en 1910)

dans le thé â tre d'anouilh, il n'y a qu'un thè me: c'est que vivre abaisse,
dé grade, avilit. Mais ce thè me unique est dé veloppé avec une telle insistance
qu'il a pu nourrir l'œ uvre dramatique sans doute la plus puissante de notre
temps.

Dans Antigone Anouilh jette l'un contre l'autre deux personnages totalement
opposé s: d'une part, Cré on, l'homme dé jà mû r, que le destin vient de porter au
trô ne, et qui a accepté, sans joie, mais parce qu'il le fallait, la terrible
responsabilité du pouvoir; et, lui faisant face, celle qui refuse de lui obé ir,
celle qui enterra son frè re malgré les ordres du roi, celle qui d'instinct et par
principe se ré volte, la frê le mais farouche Antigone.

ANTIGONE (1944)

CRÉ ON

Un matin, je me suis ré veillé roi de Thè bes1. Et Dieu sait si j'aimais
autre chose dans la vie que d'ê tre puissant...

ANTIGONE
II fallait dire non, alors!

CRÉ ON

Je le pouvais. Seulement, je me suis senti tout d'un coup comme un
ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne m'a pas paru honnê te. J'ai dit oui.

ANTIGONE

Eh bien, tant pis pour vous! Moi, je n'ai pas dit «oui». Qu'est-ce que
vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre né cessité, vos


pauvres histoires? Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n'aime
pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec
votre attirail2, vous pouvez seulement me faire mourir, parce que vous avez
dit «oui».

CRÉ ON

Ecoute-moi.

ANTIGONE

Si je veux, moi, ]e peux ne pas vous é couter. Vous avez dit «oui». Je
n'ai plus rien à apprendre de vous. Pas vous. Vous ê tes là à boire mes
paroles. Et si vous n'appelez pas vos gardes, c'est pour m'é couter jusqu'au
bout.

CRÉ ON
Tu m'amuses!

ANTIGONE

Non. Je vous fais peur. C'est pour cela que vous essayez de me sauver.
Ce serait tout de mê me plus commode de garder une petite Antigone
vivante et muette dans ce palais. Vous ê tes trop sensible pour faire un bon1
tyran*, voilà tout. Mais vous allez me faire mourir tout de mê me tout
à l'heure, vous le savez, et c'est pour cela que vous avez peur. C'est laid un
homme qui a peur.

CRÉ ON

(Sourdement). Eh bien, oui, j'ai peur d'ê tre obligé de te faire tuer si tu
t'obstines. Et je ne le voudrais pas.

ANTIGONE

Moi, je ne suis pas obligé e de faire ce que je ne voudrais pas! Vous
n'auriez pas voulu non plus, peut-ê tre, refuser une tombe à mon frè re4?
Dites-le donc, que vous ne l'auriez pas voulu?

CRÉ ON
Je te l'ai dit.

ANTIGONE

Et vous l'avez fait tout de mê me. Et maintenant, vous allez me faire tuer
sans le vouloir. Et c'est cela, ê tre roi!


CRÉ ON

Oui, c'est cela!

ANTIGONE

Pauvre Cré on! — Avec mes ongles cassé s et pleins de terre5et les bleus6
que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui tord le ventre, moi je
suis reine.

CRÉ ON

Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frè re qui pourrit sous mes
fenê tres, c'est assez payé pour que l'ordre rè gne dans Thè bes. Mon fils7
t'aime. Ne m'oblige pas à payer avec toi encore. J'ai assez payé.

ANTIGONE

Non. Vous avez dit «oui». Vous ne vous arrê terez jamais de payer
maintenant!

CRÉ ON

(La secoue soudain, hors de lui) Mais, bon Dieu! Essaie de comprendre
une minute, toi aussi, petite idiote! J'ai bien essayé de te comprendre, moi.
Il faut pourtant qu'il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu'il y en ait qui
mè nent la barque. Cela prend l'eau de toutes parts, c'est plein de crimes, de
bê tise, de misè re... Et le gouvernail est là qui ballotte. L'é quipage ne veut
plus rien faire, il ne pense qu'à piller la cale8 et les officiers sont dé jà en
train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec
toute la provision d'eau doué e pour tirer au moins leurs os de là. Et le mâ t
craque, et le vent siffle et les voiles vont se dé chirer et toutes ces b'rutes
vont crever toutes ensemble, parce qu'elles ne pensent qu'à leur peau, à leur
pré cieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu'on a le temps
de faire le raffiné, de savoir s'il faut dire «oui» ou «non», de se demander
s'il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore ê tre un
homme aprè s? On prend le bout de bois9, on redresse10 devant la montagne
d'eau, on gueule11 un ordre et on tire dans le tas12, sur le premier qui
s'avance. Dans le tas! Cela n'a pas de nom. C'est comme la vague qui vient
de s'abattre sur le pont devant vous; le vent qui vous gifle, et la chose qui
tombe dans le groupe n'a pas de nom. C'é tait peut-ê tre celui qui t'avait
donné du feun en souriant la veille. Il n'a plus de nom. Et toi non plus, tu
n'as plus de nom, cramponné à la barre. Il n'y a plus que le bateau qui ait un


nom et la tempê te. Est-ce que tu le comprends, cela**?

ANTIGONE

(Secoue la tê te). Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi
je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire
non et pour mourir***.

Antigone.
Примечания:

1. После того как Эдип, ослепив себя, бежал из Фив, два его сына Этеокл и Поли-
ник убили друг друга в поединке. И тогда на трон взошел их дядя Креон. Традици-
онная трагедия представляет Креона тираном. Ануй, насколько позволяет трагедия
Софокла, изменил характер персонажа. 2. Пренебрежительное слово для обозначения
пышности, окружавшей царя. 3. Тираном, достойным этого имени. 4. Креон запретил
хоронить Полиника, поскольку тот поднял оружие против своей родины. 5 Антигона
руками вырыла могилу Полинику. 6. Синяками. 7. Гемон, с которым была помолвлена
Антигона. 8. Трюм корабля. 9. Разг. Румпель, кормовое весло. 10 Имеется в вид>
корабль 11. Груб. Кричишь (призывая к порядку) 12. Сознательный анахронизм
беспорядочная стрельба по толпе. 13. Дал огня (чтобы ты прикурил) — еще один соз-
нательный анахронизм.

Вопросы:

** Cette affirmation vous semble-t-elte juste, en gé né ral, et ici, en particulier?

*É tudiez le caractè re du vocabulaire et du style dans cette tirade. Montrez que la
violence du ton correspond à l'effort dé sespé ré de Cré on pour persuader Antigone.

*** Expliquez l'é ternelle vé rité contenue dans cette formule qui est comme une ré plique
de la formule mise par Sophocle dans la bouche de son Antigone:
«Je sais né e pour aimer,
non pour haï r.»


XVI. Французская мысль

История французской философии начинается с гуманизма, этого
могучего движения, объявшего все сферы человеческого знания и от-
крывшего дорогу " новому времени". Именно тогда французская
мысль осознала себя и вступила на путь, который станет для нее тра-
диционным.

Небезынтересно, к примеру, отметить, что именно в эту эпоху пря-
мо-таки беспредельное восхищение Рабле античным наследием очень
скоро сменилось куда более сдержанным отношением Монтеня, обла-
давшего чрезвычайно скептическим умом, более занятым изучением с
позиций опыта теоретических представлений предшественников.
Именно тогда гуманизм, вместо того чтобы ориентировать человека
на освоение " чисто книжного" знания, обратится к углубленному
осознанию его предназначения и к достижению в определенном
смысле индивидуальной мудрости.

Это движение, подобное раскачиванию маятника, контрадикту-
арный ритм, вынуждавший французскую философию колебаться ме-
жду умозрительностью и конкретностью, между систематич-
ностью
и иррациональностью, словно бы чудом проявился в практи-
чески одновременном появлении двух наиболее ярких представителей
этой философии — Декарта и Паскаля; один был математик, второй
— физик; один — логик, второй — мистик; один стремился к пости-
жению действительности посредством безошибочного " метода", вто-
рой, больше доверяя " сердцу", пытался проникнуть в тайны сверхъ-
естественного...

Этот патетический диалог, который вели два блистательных ума,
находившихся как бы на противоположных полюсах, ни в коем случае
не должен вводить нас в заблуждение. XVII в. вообще рассудочен, и
во Франции, которую потрясали интриги вельмож, равно как и ино-
странные нашествия, и объединение которой еще не было завершено,
Разум очень скоро идентифицируется с дисциплиной — созидающей,
организующей и согласной с законом.


В XVIII в. слово " Разум" наполнится новым содержанием. В сочи-
нениях философов, как тогда говорили, он будет означать не столько
согласие с существующим, сколько критику; не дисциплину, но неза-
висимое исследование. Разум всегда ищет истину, но в стране, где все
общественные институты деградировали с невероятной стремитель-
ностью, разум становится бродилом свободы, которая в свой черед
приведет к победе Разума над привилегиями и несправедливостью. По
сути философы желают поставить все ценности — религиозные, по-
литические, социальные — под свой строгий контроль и создают как
бы некую диктатуру рассудка. Однако догматизм своей позиции они
уравновешивают волей к борьбе за свои идеи и за то, чтобы им было
дано практически воплотить их в жизнь. Тем самым из-за столь воин-
ственного
характера их мысль вернется к сугубому дуализму, прояв-
лявшемуся уже в предшествующие столетия.

В своем оптимизме философы заходили так далеко, что самый
смелый из них, Кондорсе, даже написал нечто вроде исторического
обзора " прогресса человеческого духа". Но вследствие вполне естест-
венного противоборствующего движения, которое начал уже Дидро и
особенно продолжил Руссо, а также потрясений, вызванных револю-
цией, вера в прогресс вскоре уступила место позиции в корне проти-
воположной — романтическому пессимизму, при котором человек
чувствует себя одиноким, покинутым и не ждет иного исцеления,
кроме " неистовых бурь", если только он не стал, подобно Альфреду
де Виньи, жертвой отчаяния и не ограничивается тем, что стоически
противостоит судьбе.

Правда, 1848 г. оживил надежду, что Наука освободит человечест-
во от его тысячелетнего бремени и растворит ворота братства. Но бла-
городная эта иллюзия окончательно померкла после жесточайшего
поражения при Седане... И французская интеллигенция, ведомая Тэ-
ном, замкнется, вплоть до начала XX в., в детерминизме, столь же
строгом, сколь и последовательном. Величайшая заслуга Анри Берг-
сона заключается в том, что он стряхнул сциентическое иго, напом-
нив, что реальность зыбка, и что в постижении ее интуиция гораздо
действенней, чем чисто интеллектуальный анализ. Одновременно
Шарль Пеги, чувствовавший надвижение чудовищной угрозы, пытал-
ся соединить две основополагающие грани французской души: мир-
скую страсть к истине и христианскую добродетель милосердия.

Война 1914 — 1918 гг. так основательно исчерпала Францию, что
после нее страна словно бы решила предаться отдыху, и мысль ее


слегка обуржуазилась. Правда, то была временная пауза, так как в
Магические дни катастрофы 1940 г. миру была подарена одна из са-
мых смелых и возвышенных философских систем - экзистенциа-
Однако два великих жреца нового учения, Сартр и Камю через
несколько лет разошлись - один в направлении пролетарской рево-
люции второй - индивидуального бунта, явив тем самым как бы по-
следний пример извечного французского диалога...


MONTAIGNE (1533-1592)

avant de parvenir à la sagesse qui s'exprime dans le troisiè me livre des
Essais, MONTAIGNE é tait passé par une double crise: la crise stoï cienne qui, en
fait, é tait surtout d'origine livresque, et la crise sceptique qui le dé barrassa
d'une philosophie d'emprunt et lui ré vé la les insuffisances de la pure thé orie
Au reste, la pensé e de Montaigne procè de par de longs tâ tonnements; elle ne
chemine pas sans hé sitation, ne craint point les dé tours; elle est le fruit d'une
expé rience jamais lasse de s'exercer, surtout sur soi-mê me.


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