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Voyage au centre de la terre 18 ñòðàíèöà






 

– Une halte, ré pondit mon oncle.

 

– Est-ce l’é ruption qui se calme?

 

– J’espè re bien que non.»

 

Je me levai. J’essayai de voir autour de moi. Peut-ê tre le radeau, arrê té par une saillie de roc, opposait-il une ré sistance momentané e à la masse é ruptive. Dans ce cas, il fallait se hâ ter de le dé gager au plus vite.

 

Il n’en é tait rien. La colonne de cendres, de scories et de dé bris pierreux avait elle-mê me cessé de monter.

 

«Est-ce que l’é ruption s’arrê terait? m’é criai-je.

 

– Ah! fit mon oncle les dents serré es, tu le crains, mon garç on; mais rassure-toi, ce moment de calme ne saurait se prolonger; voilà dé jà cinq minutes qu’il dure, et avant peu nous reprendrons notre ascension vers l’orifice du cratè re.»

 

Le professeur, en parlant ainsi, ne cessait de consulter son chronomè tre, et il devait avoir encore raison dans ses pronostics. Bientô t le radeau fut repris d’un mouvement rapide et dé sordonné qui dura deux minutes à peu prè s, et il s’arrê ta de nouveau.

 

«Bon, fit mon oncle en observant l’heure, dans dix minutes il se remettra en route.

 

– Dix minutes?

 

– Oui. Nous avons affaire à un volcan dont l’é ruption est intermittente. Il nous laisse respirer avec lui.»

 

Rien n’é tait plus vrai. À la minute assigné e, nous fû mes lancé s de nouveau avec une extrê me rapidité. Il fallait se cramponner aux poutres pour ne pas ê tre rejeté hors du radeau. Puis la poussé e s’arrê ta.

 

Depuis, j’ai ré flé chi à ce singulier phé nomè ne sans en trouver une explication satisfaisante. Toutefois il me paraî t é vident que nous n’occupions pas la cheminé e principale du volcan, mais bien un conduit accessoire, où se faisait sentir un effet de contrecoup.

 

Combien de fois se reproduisit cette manœ uvre, je ne saurais le dire. Tout ce que je puis affirmer, c’est qu’à chaque reprise du mouvement, nous é tions lancé s avec une force croissante et comme emporté s par un vé ritable projectile. Pendant les instants de halte, on é touffait; pendant les moments de projection, l’air brû lant me coupait la respiration. Je pensai un instant à cette volupté de me retrouver subitement dans les ré gions hyperboré ennes par un froid de trente degré s au-dessous de zé ro. Mon imagination surexcité e se promenait sur les plaines de neige des contré es arctiques, et j’aspirais au moment où je me roulerais sur les tapis glacé s du pô le! Peu à peu, d’ailleurs, ma tê te, brisé e par ces secousses ré ité ré es, se perdit. Sans les bras de Hans, plus d’une fois je me serais brisé le crâ ne contre la paroi de granit.

 

Je n’ai donc conservé aucun souvenir pré cis de ce qui se passa pendant les heures suivantes. J’ai le sentiment confus de dé tonations continues, de l’agitation du massif, d’un mouvement giratoire dont fut pris le radeau. Il ondula sur des flots de laves, au milieu d’une pluie de cendres. Les flammes ronflantes l’enveloppè rent. Un ouragan qu’on eû t dit chassé d’un ventilateur immense activait les feux souterrains. Une derniè re fois, la figure de Hans m’apparut dans un reflet d’incendie, et je n’eus plus d’autre sentiment que cette é pouvante sinistre des condamné s attaché s à la bouche d’un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs.

 

XLIV

Quand je rouvris les yeux, je me sentis serré à la ceinture par la main vigoureuse du guide. De l’autre main il soutenait mon oncle. Je n’é tais pas blessé griè vement, mais brisé plutô t par une courbature gé né rale. Je me vis couché sur le versant d’une montagne, à deux pas d’un gouffre dans lequel le moindre mouvement m’eû t pré cipité. Hans m’avait sauvé de la mort, pendant que je roulais sur les flancs du cratè re.

 

«Où sommes-nous?» demanda mon oncle, qui me parut fort irrité d’ê tre revenu sur terre.

 

Le chasseur leva les é paules en signe d’ignorance.

 

«En Islande? dis-je.

 

– Nej, ré pondis Hans.

 

– Comment! non! s’é cria le professeur.

 

– Hans se trompe», dis-je en me soulevant.

 

Aprè s les surprises innombrables de ce voyage, une stupé faction nous é tait encore ré servé e. Je m’attendais à voir un cô ne couvert de neiges é ternelles, au milieu des arides dé serts des regions septentrionales, sous les pâ les rayons d’un ciel polaire, au delà des latitudes les plus é levé es, et, contrairement à toutes ces pré visions, mon oncle, l’Islandais et moi, nous é tions é tendus à mi-flanc d’une montagne calciné e par les ardeurs du soleil qui nous dé vorait de ses feux.

 

Je ne voulais pas en croire mes regards; mais la ré elle cuisson dont mon corps é tait l’objet ne permettait aucun doute. Nous é tions sortis à demi nus du cratè re, et l’astre radieux, auquel nous n’avions rien demandé depuis deux mois, se montrait à notre é gard prodigue de lumiè re et de chaleur et nous versait à flots une splendide irradiation.

 

Quand mes yeux furent accoutumé s à cet é clat dont ils avaient perdu l’habitude, je les employai à rectifier les erreurs de mon imagination. Pour le moins, je voulais ê tre au Spitzberg, et je n’é tais pas d’humeur à en dé mordre aisé ment.

 

«En effet, voilà qui ne ressemble pas à l’Islande.

 

– Mais l’î le de Jean Mayen? ré pondis-je.

 

– Pas davantage, mon garç on. Ceci n’est point un volcan du nord avec ses collines de granit et sa calotte de neige.

 

– Cependant…

 

– Regarde, Axel, regarde!»

 

Au-dessus de notre tê te, à cinq cents pieds au plus, s’ouvrait le cratè re d’un volcan par lequel s’é chappait, de quart d’heure en quart d’heure, avec une trè s forte dé tonation, une haute colonne de flammes, mê lé e de pierres ponces, de cendres et de laves. Je sentais les convulsions de la montagne qui respirait à la faç on des baleines, et rejetait de temps à autre le feu et l’air par ses é normes é vents. Au-dessous, et par une pente assez roide, les nappes de matiè res é ruptives s’é tendaient à une profondeur de sept à huit cents pieds, ce qui ne donnait pas au volcan une hauteur de cent toises. Sa base disparaissait dans une vé ritable corbeille d’arbres verts, parmi lesquels je distinguai des oliviers, des figuiers et des vignes chargé es de grappes vermeilles.

 

Ce n’é tait point l’aspect des ré gions arctiques, il fallait bien en convenir.

 

Lorsque le regard franchissait cette verdoyante enceinte, il arrivait rapidement à se perdre dans les eaux d’une mer admirable ou d’un lac, qui faisait de cette terre enchanté e une î le large de quelques lieues, à peine. Au levant, se voyait un petit port pré cé dé de quelques maisons, et dans lequel des navires d’une forme particuliè re se balanç aient aux ondulations des flots bleus. Au delà, des groupes d’î lots sortaient de la plaine liquide, et si nombreux, qu’ils ressemblaient à une vaste fourmiliè re. Vers le couchant, des cô tes é loigné es s’arrondissaient à l’horizon; sur les unes se profilaient des montagnes bleues d’une harmonieuse conformation; sur les autres, plus lointaines, apparaissait un cô ne prodigieusement é levé au sommet duquel s’agitait un panache de fumé e. Dans le nord, une immense é tendue d’eau é tincelait sous les rayons solaires, laissant poindre ç à et là l’extré mité d’une mâ ture ou la convexité d’une voile gonflé e au vent.

 

L’impré vu d’un pareil spectacle en centuplait encore les merveilleuses beauté s.

 

«Où sommes-nous? où sommes-nous?» ré pé tais-je à mi-voix.

 

Hans fermait les yeux avec indiffé rence, et mon oncle regardait sans comprendre.

 

«Quelle que soit cette montagne, dit-il enfin, il y fait un peu chaud; les explosions ne discontinuent pas, et ce ne serait vraiment pas la peine d’ê tre sortis d’une é ruption pour recevoir un morceau de roc sur la tê te. Descendons, et nous saurons à quoi nous en tenir. D’ailleurs je meurs de faim et de soif.»

 

Dé cidé ment le professeur n’é tait point un esprit contemplatif. Pour mon compte, oubliant le besoin et les fatigues, je serais resté à cette place pendant de longues heures encore, mais il fallut suivre mes compagnons.

 

Le talus du volcan offrait des pentes trè s roides; nous glissions dans de vé ritables fondriè res de cendres, é vitant les ruisseaux de lave qui s’allongeaient comme des serpents de feu. Tout en descendant, je causais avec volubilité, car mon imagination é tait trop remplie pour ne point s’en aller en paroles.

 

«Nous sommes en Asie, m’é criai-je, sur les cô tes de l’Inde, dans les î les Malaises, en pleine Océ anie! Nous avons traversé la moitié du globe pour aboutir aux antipodes de l’Europe.

 

– Mais la boussole? ré pondit mon oncle.

 

– Oui! la boussole! disais-je d’un air embarrassé. À l’en croire, nous avons toujours marché au nord.

 

– Elle a donc menti?

 

– Oh! menti!

 

– À moins que ceci ne soit le pô le nord!

 

– Le pô le! non; mais…»

 

Il y avait là un fait inexplicable. Je ne savais qu’imaginer.

 

Cependant nous nous rapprochions de cette verdure qui faisait plaisir à voir. La faim me tourmentait et la soif aussi. Heureusement, aprè s deux heures de marche, une jolie campagne s’offrit à nos regards, entiè rement couverte d’oliviers, de grenadiers et de vignes qui avaient l’air d’appartenir à tout le monde. D’ailleurs, dans notre dé nuement, nous n’é tions point gens à y regarder de si prè s. Quelle jouissance ce fut de presser ces fruits savoureux sur nos lè vres et de mordre à pleines grappes dans ces vignes vermeilles! Non loin, dans l’herbe, à l’ombre dé licieuse des arbres, je dé couvris une source d’eau fraî che, où notre figure et nos mains se plongè rent voluptueusement.

 

Pendant que chacun s’abandonnait ainsi à toutes les douceurs du repos, un enfant apparut entre deux touffes d’oliviers.

 

«Ah! m’é criai-je, un habitant de cette heureuse contré e!»

 

C’é tait une espè ce de petit pauvre, trè s misé rablement vê tu, assez souffreteux, et que notre aspect parut effrayer beaucoup; en effet, demi-nus, avec nos barbes incultes, nous avions fort mauvaise mine, et, à moins que ce pays ne fû t un pays de voleurs, nous é tions faits de maniè re à effrayer ses habitants.

 

Au moment où le gamin allait prendre la fuite, Hans courut aprè s lui et le ramena, malgré ses cris et ses coups de pied.

 

Mon oncle commenç a par le rassurer de son mieux et lui dit en bon allemand:

 

«Quel est le nom de cette montagne, mon petit ami?»

 

L’enfant ne ré pondit pas.

 

«Bon, fit mon oncle, nous ne sommes point en Allemagne.»

 

Et il refit la mê me demande en anglais.

 

L’enfant ne ré pondit pas davantage. J’é tais trè s intrigué.

 

«Est-il donc muet?» s’é cria le professeur, qui, trè s fier de son polyglottisme, recommenç a la mê me demande en franç ais.

 

Mê me silence de l’enfant.

 

«Alors essayons de l’italien», reprit mon oncle, et il dit en cette langue:

 

«Dove noi siamo?

– Oui! où sommes-nous?» ré pé tai-je avec impatience.

 

L’enfant de ne point ré pondre.

 

«Ah ç à! parleras-tu? s’é cria mon oncle, que la colè re commenç ait à gagner, et qui secoua l’enfant par les oreilles. Come si noma questa isola?

Stromboli», ré pondit le petit pâ tre, qui s’é chappa des mains de Hans et gagna la plaine à travers les oliviers.

 

Nous ne pensions guè re à lui! Le Stromboli! Quel effet produisit sur mon imagination ce nom inattendu! Nous é tions en pleine Mé diterrané e, au milieu de l’archipel é olien de mythologique mé moire, dans l’ancienne Strongyle, ou É ole tenait à la chaî ne les vents et les tempê tes. Et ces montagnes bleues qui s’arrondissaient au levant, c’é taient les montagnes de la Calabre! Et ce volcan dressé à l’horizon du sud, l’Etna, le farouche Etna lui-mê me.

 

«Stromboli! Stromboli!» ré pé tai-je

 

Mon oncle m’accompagnait de ses gestes et de ses paroles. Nous avions l’air de chanter un chœ ur!

 

Ah! quel voyage! quel merveilleux voyage! Entré s par un volcan, nous é tions sortis par un autre, et cet autre é tait situé à plus de douze cents lieues du Sneffels, de cet aride pays de l’Islande jeté aux confins du monde! Les hasards de cette expé dition nous avaient transporté s au sein des plus harmonieuses contré es de la terre! Nous avions abandonné la ré gion des neiges é ternelles pour celle de la verdure infinie et laissé au-dessus de nos tê tes le brouillard grisâ tre des zones glacé es pour revenir au ciel azuré de la Sicile!

 

Aprè s un dé licieux repas composé de fruits et d’eau fraî che, nous nous remî mes en route pour gagner le port de Stromboli. Dire comment nous é tions arrivé s dans l’î le ne nous parut pas prudent: l’esprit superstitieux des Italiens n’eû t pas manqué de voir en nous des dé mons vomis du sein des enfers; il fallut donc se ré signer à passer pour d’humbles naufragé s. C’é tait moins glorieux, mais plus sû r.

 

Chemin faisant, j’entendais mon oncle murmurer:

 

«Mais la boussole! la boussole, qui marquait le nord! Comment expliquer ce fait?

 

– Ma foi! dis-je avec un grand air de dé dain, il ne faut pas l’expliquer, c’est plus facile!

 

– Par exemple! un professeur au Johannaeum qui ne trouverait pas la raison d’un phé nomè ne cosmique, ce serait une honte!»

 

En parlant ainsi, mon oncle, demi-nu, sa bourse de cuir autour des reins et dressant ses lunettes sur son nez, redevint le terrible professeur de miné ralogie.

 

Une heure aprè s avoir quitté le bois d’oliviers, nous arrivions au port de San-Vicenzo, où Hans ré clamait le prix de sa treiziè me semaine de service, qui lui fut compté avec de chaleureuses poigné es de main.

 

En cet instant, s’il ne partagea pas notre é motion bien naturelle, il se laissa aller du moins à un mouvement d’expansion extraordinaire.

 

Du bout de ses doigts il pressa lé gè rement nos deux mains et se mit à sourire.

 

XLV

Voici la conclusion d’un ré cit auquel refuseront d’ajouter foi les gens les plus habitué s à ne s’é tonner de rien. Mais je suis cuirassé d’avance contre l’incré dulité humaine.

 

Nous fû mes reç us par les pê cheurs stromboliotes avec les é gards dus à des naufragé s. Ils nous donnè rent des vê tements et des vivres. Aprè s quarante-huit heures d’attente, le 31 aoû t, un petit speronare nous conduisit à Messine, où quelques jours de repos nous remirent de toutes nos fatigues.

 

Le vendredi 4 septembre, nous nous embarquions à bord du Volturne, l’un des paquebots-postes des messageries impé riales de France, et, trois jours plus tard, nous prenions terre à Marseille, n’ayant plus qu’une seule pré occupation dans l’esprit, celle de notre maudite boussole. Ce fait inexplicable ne laissait pas de me tracasser trè s sé rieusement. Le 9 septembre au soir, nous arrivions à Hambourg.

 

Quelle fut la stupé faction de Marthe, quelle fut la joie de Graü ben, je renonce à le dé crire.

 

«Maintenant que tu es un hé ros, me dit ma chè re fiancé e, tu n’auras plus besoin de me quitter, Axel!»

 

Je la regardai. Elle pleurait en souriant.

 

Je laisse à penser si le retour du professeur Lidenbrock fit sensation à Hambourg. Grâ ce aux indiscré tions de Marthe, la nouvelle de son dé part pour le centre de la terre s’é tait ré pandue dans le monde entier. On ne voulut pas y croire, et, en le revoyant, on n’y crut pas davantage.

 

Cependant le pré sence de Hans, et diverses informations venues d’Islande modifiè rent peu à peu l’opinion publique.

 

Alors mon oncle devint un grand homme, et moi, le neveu d’un grand homme, ce qui est dé jà quelque chose. Hambourg donna une fê te en notre honneur. Une sé ance publique eut lieu au Johannaeum, où le professeur fit le ré cit de son expé dition et n’omit que les faits relatifs à la boussole. Le jour mê me, il dé posa aux archives de la ville le document de Saknussemm, et il exprima son vif regret de ce que les circonstances, plus fortes que sa volonté, ne lui eussent pas permis de suivre jusqu’au centre de la terre les traces du voyageur islandais. Il fut modeste dans sa gloire, et sa ré putation s’en accrut.

 

Tant d’honneur devait né cessairement lui susciter des envieux. Il en eut, et, comme ses thé ories, appuyé es sur des faits certains, contredisaient les systè mes de la science sur la question du feu central, il soutint par la plume et par la parole de remarquables discussions avec les savants de tous pays.

 

Pour mon compte, je ne puis admettre sa thé orie du refroidissement: en dé pit de ce que j’ai vu, je crois et je croirai toujours à la chaleur centrale; mais j’avoue que certaines circonstances encore mal dé finies peuvent modifier cette loi sous l’action de phé nomè nes naturels.

 

Au moment où ces questions é taient palpitantes, mon oncle é prouva un vrai chagrin. Hans, malgré ses instances, avait quitté Hambourg; l’homme auquel nous devions tout ne voulut pas nous laisser lui payer notre dette. Il fut pris de la nostalgie de l’Islande.

 

«Fä rval», dit-il un jour, et sur ce simple mot d’adieu, il partit pour Reykjawik, où il arriva heureusement.

 

Nous é tions singuliè rement attaché s à notre brave chasseur d’eider; son absence ne le fera jamais oublier de ceux auxquels il a sauvé la vie, et certainement je ne mourrai pas sans l’avoir revu une derniè re fois.

 

Pour conclure, je dois ajouter que ce Voyage au centre de la terre fit une é norme sensation dans le monde. Il fut imprimé et traduit dans toutes les langues; les journaux les plus accré dité s s’en arrachè rent les principaux é pisodes, qui furent commenté s, discuté s, attaqué s, soutenus avec une é gale conviction dans le camp des croyants et des incré dules. Chose rare! mon oncle jouissait de son vivant de toute la gloire qu’il avait acquise, et il n’y eut pas jusqu’à M. Barnum qui ne lui proposâ t de «l’exhiber» à un trè s haut prix dans les É tats de l’Union.

 

Mais un ennui, disons mê me un tourment, se glissait au milieu de cette gloire. Un fait demeurait inexplicable, celui de la boussole. Or, pour un savant pareil phé nomè ne inexpliqué devient un supplice de l’intelligence. Eh bien! le ciel ré servait à mon oncle d’ê tre complè tement heureux.

 

Un jour, en rangeant une collection de miné raux dans son cabinet, j’aperç us cette fameuse boussole et je me mis à l’observer.

 

Depuis six mois elle é tait là, dans son coin, sans se douter des tracas qu’elle causait.

 

Tout à coup, quelle fut ma stupé faction! Je poussai un cri. Le professeur accourut.

 

«Qu’est-ce donc? demanda-t-il.

 

– Cette boussole! …

 

– Eh bien?

 

– Mais son aiguille indique le sud et non le nord!

 

– Que dis-tu?

 

– Voyez! ses pô les sont changé s.

 

– Changé s!»

 

Mon oncle regarda, compara, et fit trembler la maison par un bond superbe.

 

Quelle lumiè re é clairait à la fois son esprit et le mien!

 

«Ainsi donc, s’é cria-t-il, dè s qu’il retrouva la parole, aprè s notre arrivé e au cap Saknussemm, l’aiguille de cette damné e boussole marquait le sud au lieu du nord?

 

– É videmment.

 

– Notre erreur s’explique alors. Mais quel phé nomè ne a pu produire ce renversement des pô les?

 

– Rien de plus simple.

 

– Explique-toi, mon garç on.

 

– Pendant l’orage, sur la mer Lidenbrock, cette boule de feu qui aimantait le fer du radeau avait tout simplement dé sorienté notre boussole!

 

– Ah! s’é cria le professeur, en é clatant de rire, c’é tait donc un tour de l’é lectricité?»

 

À partir de ce jour, mon oncle fut le plus heureux des savants, et moi le plus heureux des hommes, car ma jolie Virlandaise, abdiquant sa position de pupille, prit rang dans la maison de Kö nigstrasse en la double qualité de niè ce et d’é pouse. Inutile d’ajouter que son oncle fut l’illustre professeur Otto Lidenbrock, membre correspondant de toutes les socié té s scientifiques, gé ographiques et miné ralogiques des cinq parties du monde.

 


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